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Le Temps, 3 juin 1905

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Le Temps
3 juin 1905


Extrait du journal

une sourdine aux propos salés, on daubait fort sur les maîtres. II y avait eu la veille un thé prié ; Madame avait fait garnir les plateaux de tasses fort belles apportées « à condition » d’un grand magasin; le matin, elle avait donné or dre de remettre dans les papiers les porcelaines qui décidément ne lui plaisaient pas. Sur’ ce trait d’une problématique délicatesse, ces gens habitués à vivre de menues rapines n’eurent pas d’assez violents sarcasmes. Gomme on ta quinait Mac sur son silence, il grommela, rude et âpre : « Je mange leur pain. » Et lorsqu’on s’égaya longuement sur les bonnes fortunes du maître de la maison, ses mains tremblèrent d’une colère concentrée. Miette le regardait, saisie; Il partit avant la fin, faisant claquer les portes, une expression de désespoir sur ses traits contractés. — Quel grognon que ce vieux garçon I dit en riant une des femmes. Mac Allen! Un vieux garçon? Vous ne savez donc rien, vous autres? — Quoi? quoi? — Eli ben ! c’est l’histoire de sa fille, tout au contraire, qui lui remonte à la cervelle quand on parle des fredaines de Monsieur. — Ah bah ! conte-nous donc ça. — Oh ! je n’en sais pas long,’ seulement que cette fille a été détournée par le patron dans une maison où elle était femme de chambre ; elle était mariée, avait trois enfants ; elle partie, ou morte à l’hospice, le gendre, qui est premier cocher chez les d’Àltona, laisse les gosses sur les bras du vieux, soi-disant parce que la mère avait fauté, vous comprenez? Et voilà Mac obligé de travailler à mort pour élever la mar maille. Pas commode, à son âge ! A chaque fa non qui se creuse dans la peau, menace de se voir fiche à la porte ; cet homme doit vivre dans les transes. Ce qu’il travaille sa tête pour paraî tre bien conservé! Et ses côtelettes blanches, donc ! Mais si vous le voyiez dans' son lit! Une ruine ! Oh Me brave homme, pensait Miette tan dis que recommençaient les rires et les clabauderies, le brave homme, et que je voudrais lui jnipntrer combien je le vénère'...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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