Extrait du journal

Nous avons publié hier la circulaire que M. le ministre de l'instruction publique a adressée aux évêques relativement aux prières publiques ordonnées par l'Assemblée pour la reprise de ses travaux. Le mouvement provoqué par cette invitation est en pleine activité les prélats lancent leurs lettres pastorales au clergé et aux fidèles nous en avons déjà deux sous les yeux, émanant l'une de M. l'évêque d'Angers, l'autre de M. l'évêque d'Orléans; M. Freppel profite de l'occasion pour rompre une lance en faveur de l'instruction religieuse. M. Dupanloup est long et verbeux comme à son ordinaire; il trace naturellement le plus sombre tableau de la situation actuelle, et s'écrie avec plus de véhémence que de mesure épiscopale que de même que « après les grands orages qui ébranlent le monde, on voit apparaître sur la face de la terre des reptiles inconnus et des bêtes malfaisantes cachées jusque-là dans les entrailles du globe, nous voyons périodiquement, après chaque tempête sociale, éclore et surgir parmi nous une génération singulière d'hommes nouveaux qui, tout à coup couvrent le sol. pygmées étranges et violents pour qui rien n'est sacré. » La lettre de M. d'Orléans se termine par un appel aux hommes providentiels; M. Dupanloup tient toujours pour les hommes providentiels et les sauveurs; il ne lui vient pas à l'esprit que les peuples puissent se sauver eux-mêmes « Hélas! dit-il, depuis quatre-vingts ans la France attend une grande âme qui la sauve. Quelquefois elle croit la voir resplendlr à l'horizon de l'avenir et de ses destinées. Elle y croit et elle se donne tout entière, car elle est si confiante et si généreuse; puis tou^ à coup elle s'aperçoit qu'elle a été surprise, qu'elle n'a salué qu'une lumière trompeuse. et se sentant de nouveau défaillir, elle.répète avec une douleur indicible le mot de l'Ecriture « Ah il n'était pas de la race de ceux qui sauvent les nations! » 0 Dieu, préservez-nous cette fois d'un tel malheur! « On voit aisément où tend et sur qui porte cette dernière invocation. Ce ne sont pas les évêques seuls qui se mettent en mouvement pour donner aux prières projetées tout l'élan et toute l'universalité d'une grande manifestation les associations religieuses entrent en jeu de leur côté et enchérissant sur le programme, elles y joignent par surcroît un jour de jeûne, à l'instar de l'Angleterre et des Etats-Unis. Quelques députés de la droite paraissent vouloir aussi dire leur mot, et M. de Belcastel a déjà pris l'avance sur ses collègues. Il n'est pas jusqu'au pape lui-même qu'on n'ait fait intervenir pour accorder des indulgences plénières aux fidèles qui feront des neuvaines préparatoires. C'est une agitation qui rappelle un peu celle qu'on avait fomentée à propos des récents pèlerinages, et l'on serait presque tenté de croire qu'elle a pour but de la recommencer sous une nouvelle forme. Les projets de réforme constitutionnelle continuent à préoccuper les divers organes de l'opinion publique. Signalons aujourd'hui dans cet ordre d'idées une déclaration du général Chanzy publiée par le Soir et dont voici les termes...