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Le Temps, 8 novembre 1882

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Le Temps
8 novembre 1882


Extrait du journal

à gauche, de longues allées vertes s’ouvraient en tre les arbres. Pas le moindre souffle dans la lour deur chaude de ce matin d’été. Le silence était profond. Mais au loin on entendait les chansons vagues des moissonneurs qui plus bas, dans la plaine, faisaient bonne besogne. — Pierre, tu allonges vraiment trop tes enjam bées I s’écria Hélène à bout de forces. Il n’y a pas moyen de te suivre... Elle sentait sou cœur battre comme s’il voulait se rompre. — Nous marchons pourtant comme des tortues, protesta Pierre. Et, personnellement, je suis obligé de faire un effort continuel pour aller aussi lente ment. — Eh bien ! ne te gêne pas, devance nous. M. Wassili et moi, nous te suivrons à notre aise... — Vous pensez donc, mademoiselle, que j’appar tiens naturellement à l’arrière-garde? — Oh ! cela se voit assez, répliqua la jeune fille en fixant ses grands yeux francs et rieurs sur ceux de Wassili. Vous ne voulez pas en avoir l’air, mais vous êtes aussi fatigué que mol. — Ma foi, j’en conviens, je ne serais pas fâché de m’asseoiT un peu, dit le jeune Russe. — SI vous vous arrêtez, vous êtes perdus, et vous ne serez "jamais capables d’achever l’étape ! prononça Pierre en marcheur émérite. Ralentis sons le pas, si c’est nécessaire, mais, croyez-moi, pas de halte avant la deseente. Les deux traînards se laissèrent convaincre. Les allées vertes avaient fait place à un chemin défoncé par les lourdes charrettes des bûcherons. II y avait là de ces flaques d’eau qui ne sèchent jamais, de ces boues grasses dans lesquelles le pied s’empâte et se salit. De place en place, un sen tier filait sur la montagne, battu par les semelles cloutées des paysans, encombré de stères do bois coupé. Des ronces traînaient et accrochaient au passage la robe d’Hélène. Force était bien alors à Wassili de livrer combat à ces broussailles, car Pierre était toujours en avant et ne se retournait pas pour si peu. Chaque fois, la fillette adressait un sourire à son libérateur et lui disait : «Merci. » La camaraderie, systématiquement repoussée par Wassili, depuis son arrivée, finissait par naître. Après les grands arbres, ce furent les taillis. Le...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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