Extrait du journal

démarche ne rentre pas dans la convention habituelle, j’en conviens ; mais, au-dessus de la convention, il y a cette amitié que vous m’a vez demandé de vous conserver ; il y a les cir constances qui font que vous êtes seule... sans guide et sans amie. — A-t-on - tellement besoin d’un guide à vingt et un ans? dit-elle avec vivacité. Et me prouvez-vous votre amitié en attaquant un nomme que j’estime? — Oui... carj'encours votre mécontentement, et un faux jugement sur mes intentions. Com prenez ma loyauté, et sachez que je vous parle sans aucun parti pris. Mais Brigitte, sortie du caractère doux que lui avait toujours vu Séverin, méconnaissait ses intentions et l’accusait de vilenie. — Ce n’est pas bien, ce n’est pas bien... Sur quoi fondez-vous votre antipathie pour M. Rudal ? . — Sur quoi!... s’écria Duras qui eut assez d’empire sur lui pour s’interrompre brusque ment. Il ne pouvait pas lui crier : « Sur quoi?... mais sûr l’amour que vous avez déjà pour lui et: qui me fait bouillonner, moi qui vous aime comme il ne vous aimera jamais sur Terreur de votre cœur qui vous entraîne vers un homme dont les qualités brillantes ne dissimulent pas certaines tares... » Il marchait auprès d’ellle, en s’imposant un; effort violent pour se ressaisir, pour éliminer tout sentiment douloureux afin de parler avec modération et justesse. « Mon antipathie, puisque c’est le mot que vous employez, reprit-il avec calme, ne re pose pas sur une impression d’un ordre intime; elle vient d’une expérience des hommes que vous n’avez pas, et qui me fait juger que M. Rudal, s’il demandait votre main, ne serait pas digne de vous. » « S’il demandait votre main... » c’est le mot? qui la frappa pour l’inonder de joie, malgré la sensation pénible causée par les paroles pondé rées de M. Duras. Ainsi il croyait à l’amour de Laurent pour elle ; il pensait que, prochainement, le bonheur qu’elle rêvait de posséder lui serait offert. Séve rin suivait sa pensée sur son joli visage iliuamené Jl...