Extrait du journal

Un an passa; deux ans s’en furent. Rien. Vincent Mauger, architecte de la ville à son tour, continuait à promener dans la vie une face sans sourire. Parfois il disait : , — Je suis veuf. II le voulait rester. Sa mère essaya plusieurs fois de le marier, il refusait toujurs, ne vou lait pas même voir les belles personnes qu’on lui destinait. A ce propos, Angèle dit un soir à Julienne : 1 — Ma -vieille amie, si pour établir Vincent, quelque argent vous est nécessaire, vous n’a vez qu’à parler. Nous avons les cent cinquante mille francs de Giselle à sa disposition. G’est convenu entre Honoré et moi. Il nous plairait qu’il héritât d’elle. ; Mais les Mauger/refusèrent les offres des Pail, comme Vincent refusait toute union. Or, il y avait deux ans, quatre mois et six jours que Giselle était partie... — Elle aurait vingt-trois ans, disait sa mère. Tous, malgré eux, n’en pariaient plus qu’au passé. L’opinion des Mauger restait que la jeune femme, poussée par la fougue de son ; tempérament; avait dû se débarrasser d’une-' vie odieuse par un coup de tête, qu’elle s’était tuée. " , . Un samedi soir, vers les onze heures, un coup de sonnette brutal, retentit à la grille. Flora courut (dans un pressentiment, affirmat-elle plus tard). Un homme, un o-uyrier, tendit une lettre. . K , —r- M. et Mme Pail? . . , — C’est ici: . " , . r ■ • ! — Bien, bonsoir! — Il n’y a pas de réponse? — Je n’en sais rien. On m’a dit de porter cela. C’est fait. Et il s’en- alla. Flora rapporta la lettre. Déjà Honoré et Angèle demandaient ce qui se pas sait. Ils venaient de monter dans leur chambre et redescendaient, curieux, mais surtout in-: quiets. Qui pouvait leur écrire? leur faire por ter une lettre à pareille heure? Honoré saisit vivement le papier. C’était une: enveloppe commune de papier jaune; il l’ou vrit et aussitôt il poussait un grand cri. Angèle avait lu en même temps que lui par-dessus ^son épaule et .elle aussi perdait la téta ;. ,w...