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Le Temps, 16 août 1867

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Le Temps
16 août 1867


Extrait du journal

retrouvions toujours et partout. » Cependant, j’étais encore trop absorbée en moi-même pour pénétrer avec lucidité les sentiments des autres. Je ne m’apercevais pas du zèle passionné que Louis Gautier mettait à me servir. Il se multipliait comme une mère; it s’humiliait comme un amant. Un jour, sans préméditation, j’en suis cer taine,par une pente de tendresse involontaire, il passa des soins aux caresses, ou plutôt caresses et soins furent l’effet d’un môme sentiment. En me présentant un bouquet, il appuya sa tête sur mon épaule et plongea son front .sous mes cheveux. Je le repoussai en frémissant. Mais lui, avec son affection si intelligente et si délicate, ne semble pas apprécier la distance que les rangs mettent entre les hommes et la pudeur en tre les sexes. H m’a demandé pardon avec des larmes,, mais avec des étreintes convulsives. Je l’ai repoussé de nouveau avec dédain, avec hor reur ! J’ai menti ! Sa présence m’avait déjà rendu la joie ; son amour me rendait la vie : je sentais dans ses bras le transport des res suscités! OJcomble de l’humiliation! que de vais-je faire? Lo chasser! Non, je n’imiterai pas ia cruauté impie que l’on a eue envers moi ; je ne veux pas que l’être qui m’a aimée soit puni de son amour. Ce n’est pas sa faute, d’ailleurs, c’est celle de mon in fluence fatale. C’est en moi qu’est le crime, je veux l’étouffer avant qu’il m’ait souillée d’une nouvelle honte. 0 Dieu! faut-il que j’aie appris ainsi à douter de moi! Aujourd’hui, je triomphe... demain, peut-être! Non.jene verrai pas ce jour funeste, plutôt mourir ! Tout était si paisible, si bon, autour de nous, et en nous! Ah ! je croyais à l’innocence de tant de bonheur ! Mais voilà que toutes les voix de la religion, du monde, de la raison et du devoir, élèvent contre moi leurs clameurs vengeresses. H n’y a que toi, perfide nature, menteuse création qui, avec ta merveilleuse expansion do vie, as élé ma complice, que dis-je? l’agent de ma perdi tion. 0 puissance déréglée! pourquoi sèmestu ainsi au hasard ton énergie et tes forces ? Quel Dieu fut ton auteur, toi, que la religion du Christ anathémalise et renie ? Mystère in sondable.'... Dans quelques heures, je te connaîtrai, j’aurai acheté Ion secret par mon | éternelle réprobation!... Mourir! mourir! V quand l’excès de la vie oppresse mon sein t...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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