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Le Temps, 16 mai 1895

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Le Temps
16 mai 1895


Extrait du journal

La chaleur devenait terrible. Les maïs mon taient jusqu’à ses épaules, sans qu’un souffle semblât l’atteindre, tandis que le soleil qui allait marquer midi, tombait sans pitié sur son jeune buste, protégé par une mince robe de calicot. Des nuages de poussière se levaient sous ses pieds et, comme elle était baignée de sueur, lais saient sur sa peau des traces qui la faisaient souffrir dans son instinctive propreté de femme. Ses tempes battaient fiévreusement. De quel charme étaient pour elle le kingbrid se précipitant joyeusement des érables pour happer au passage une grosse mouche bleue, le rouge-gorge nourrissant sa nichée, le chant du babolink? Toutes ces choses, si elle les voyait, ne servaient qu’à mettre en relief son escla vage. A travers le champ, dans un autre rayon de maïs, elle pouvait voir son père — un gros Norvégien à grande barbe dont la voix était rude — occupé, lui aussi, à la charrue. Le maïs doit être labouré ; aussi avançait-elle pénible ment, et de larges gouttes tombaient du vilain chapeau qu’elle portait pour s’abriter. Ses sou liers, grossiers et carrés au bout, la blessaient; ses mains, larges et fortes, étaient basanées ou plutôt brûlées par-dessus par le soleil. Les harnais du cheval « craquaient » pendant que l’animal marchait patiemment et assidû ment, les naseaux distendus, l’eau coulant abondamment de ses flancs. Le champ s’étendait en pente jusqu’à une route, et de l’autre côté de la voie, courait une rivière, large, claire, peu profonde à cetendroit, vers laquelle les yeux du gamin se tournaient avec envie, chaque fois qu’il arrivait à la bar rière. — Dites donc, Julia! je vais y aller, n’est-ce pas ? Allons, dites ! Il suppliait, chaque fois qu’il s’arrêtait là pour laisser soufflerleiheval. — Je yous ai laissé entrer dans l’eau deux fois. — Mais cela ne m’a servi à rien. Le vieux...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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