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Le Temps, 17 avril 1897

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Le Temps
17 avril 1897


Extrait du journal

l’éclat des yeux, le sourire, la conversation en jouée de cette charmante fille ne mettent en déroute les résolutions les plus sages. De plus, il se faisait au sujet de Lucy un concert de louanges. Sur une nature comme celle de Fran çois, l’opinion des autres agissait fortement. Un matin, François trouva sa cousine seule. Il faisait très beau; François proposa d’aller à pied jusqu’à l’exposition du cercle Boissy d’Anglas. Lucy laissa un mot pour son frère, lui donnant rendez-vous. Quelques minutes plus tard, les jeunes gens descendaient gaiement les Champs-Elysées. ' Lucy humait l’air frais avec délices et le gai so leil la faisait sourire de plaisir. Elle était gentille à voir ainsi, avec son allure crâne et décidée, sa taille serrée dans sa jaquette, ses mains dans son manchon. Plus d’un passant se retour nait pour la regarder. Elle ne s’en apercevait pas, toute à sa causerie avec François. Mais le jeune homme s’en rendait très bien compte. — On dirait, ma parole, s’écria-t-il, que vous êtes chez vous, que Paris vous appartient. — C’est l’atavisme, mon cher François. Dès les premiers jours de notre séjour ici, il me semblait être en pays connu ; certains coins de rue, certains bouts de paysage me frappaient comme familiers, comme déjà vus, peut-être dans une existence antérieure. Oui, je suis heu reuse à Paris, je m’y trouve bien, je suis toute fière de ne pas m’y sentir dépaysée, et surtout... surtout, mon cher cousin, de ne pas y avoir été reçue en étrangère. — Je commence à trouver qu’on vous fait un peu trop fête ; on me gâtera ma cousine d’Amé rique; on lui enlèvera la petite saveur exotique que je goûtais si fort. Déjà, vous vous habillez comme une Parisienne. — Vous regrettez les costumes que je con fectionnais moi-même? Je ne les regrette nul lement, pour ma part. Mais n’ayez crainte. Une Américaine reste toujours Américaine, quoi qu’jl arrive. J’aurai toujours mon accent. — Vous en avez si peu I II est vrai que chez les Lewell, par exemple, je me sens transporté, avec vous, à Cambridge, à Magnolia, surtout. Toute l’atmosphère de la légation est imprégnée d’américanisme. Miss Susie porte avec elle ses préoccupations, ses aspirations, son inquiétante activité. Miss Liban, très admirée dans notre monde, reste absolument ce qu’elle était ; en Amérique, se méfiant, je crois, un peu de la France, doucement imprégnée de préjugés in...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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