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Le Temps, 17 juillet 1889

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Le Temps
17 juillet 1889


Extrait du journal

République à l’occasion de la revue de ce jour. Je vous prie de la porter à la connaissance des troupes par la voie de l’ordre, avec l'expression de mes félicitations personnelles. Agréez, mon cher gouverneur, la nouvelle assu rance de mes sentiments tout dévoués. C. DE FREYCINET. + Le Journal officiel publie la note suivante : A l'occasion de la Fête nationale du 14 juillet, le président de la République a, par décision du 13 juil let 1889, sur le rapport du garde des sceaux, ministre de la justice, accordé des grâces, commutations ou réductions de peines à 530 condamnés pour crimes ou délits de droit commun, détenus à la Nouvelle-Calé donie et dans les maisons centrales, pénitenciers agri coles et autres prisons de France et d’Algérie. —aggtmm ■ La Chambre élue en 1885 s’est séparée hier soir, et vraisemblablement elle ne re viendra plus. Les oraisons funèbres ne lui manqueront pas ; celles que contiennent déjà les journaux du matin se distinguent plus par l’hyperbole des reproches que par celle des louanges. De louanges, nous convenons que l’Assemblée qui a fait la politique des quatre dernières années n’en mérite pas beaucoup; mais il n’est pas sûr qu’elle mé rite également toutes les critiques sous les quelles on se dispose à l’accabler. Tout au moins, pour être juste, faudrait-il faire le dé part entre ce dont la Chambre est véritable ment responsable et ce dont il faut chercher la cause première plus haut et plus loin qu’elle. Son premier et son plus grand dé faut lui est venu de naissance ; c’est sa constitution môme en trois tronçons à peu près d’égale force qui ont rendu im possible la formation d’une majorité et très facile celle de toutes les coalitions, même des plus monstrueuses. En jugeant cette as semblée, Je pays ne devra donc pas oublier que c’est lui qui l’a fane, qu’il est en grande partie responsable des maux dont il se plaint et qu’il lui appartient souverainement d’em pêcher le retour d’une semblable anarchie parlementaire en envoyant à la prochaine Chambre une majorité qui sache où elle va et ce qu’elle veut. Il ne faut point d’ailleurs trop s’étonner de la sévérité des appréciations générales dont cette Chambre sera l’objet dans les premiers jours. C’est la règle. Il est rare qu’une as semblée qui a épuisé son mandat emporte les regrets et l’admiration du peuple. Aucune ne vit un peu longtemps sans causer des décep tions, sans tromper des espérances. Celle qui vient d’expirer n’a jamais été populaire, et elle avait épuisé bien vite le crédit qu’au dé but l’opinion avait pu lui faire. Aussi peut-on dire, sans tomber dans le paradoxe, qu’elle valait mieux que sa réputation et surtout que sa fortune. II y avait dans le sein de la majorité républicaine, et il se ré vélait de temps à autre; dans des dis cussions d’affaires, de jeunes et nou veaux talents, des compétences ignorées, des hommes indépendants des vieilles cote ries et tout disposés à se dévouer aux inté rêts pratiques de la France. Il ne faut pas que les séances tapageuses fassent oublier les autres. Il y a eu du travail accompli, beaucoup de travail accompli par les hom mes dont nous parlons dans l’enceinte des commissions, dans l’étude préalable des questions techniques, et, sur tous les bancs, une énergique et saine volonté de veiller à la force défensive de la patrie, d’arrêter le cours progressif des dépenses et de rétablir l’équi libre budgétaire. Qu’a-t-il donc manqué à ces hommes dont nous venons de parler et qui resteront, nous en avons le ferme espoir le noyau solide et vigoureux de la prochaine majorité républi caine, que leur a-t-il manqué, pour donner leur entière mesure « et remplir tout leur mé rite »? Aucune armée ne peut être privée de di rection, c’est-à-dire de chefs. Or, la majo rité républicaine n’en a point eu pendant ces quatre années, n’ayant pu ni souffrir les an ciens, ni en accepter de nouveaux. Voilà pourquoi elle s’est émiettée en groupes, sousgroupes et coteries entre lesquels sôvanouissait la conscience de la tâche principale d’une majorité parlementaire. Cette tâche est d’asseoir un gouvernement. Qui donc jusqu’en ces derniers mois s’est préoccupé avant tout d’établir un gouverne ment ? On s’est imaginé que ce gouvernement existait par lui-même, en vertu de la Consti tution. On n’est revenu de cette illusion que lorsqu’on l’a vu sur le point d’être absorbé ou renversé parle boulangisme. Telle est la principale faute de la majorité républicaine. Ce sont ses divisions, ses rivalités qui lui ont fait méconnaître le premier de ses devoirs qui est d’assurer le gouvernement de la France. Elle s’est amusée pour des vé tilles à renverser les ministères les uns sur les autres à relâcher ainsi les liens de la discipline administrative, à énerver la force publique et à faire vivre le pays dans une constante incertitude du lendemain. De là est né le mouvement boulangiste, qui est essentiellement une réaction autoritaire con...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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