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Le Temps, 17 juin 1876

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Le Temps
17 juin 1876


Extrait du journal

Le Sénat nomme aujourd'hui le successeur de M. Ricard on sait l'émotion passionnée que cette élection a soulevée dans le public, dans la Chambre et dans le cabinet les desseins que l'on suppose à juste titre aux inventeurs de la candidature de M. Buffet justifient suffisamment l'intérêt universel qui s'attache au scrutin; toutefois, il convient de réduire l'affaire à sa juste valeur avant qu'elle n'ait reçu une solution définitive dans un sens ou dans l'autre. Le triomphe de M. Buffet serait aussi fâcheux que le succès de M. Renouard est désirable; en s'abandonnant à la manifestation anticonstitutionnelle qu'on a l'imprudence de lui conseiller le Sénat ne réussirait guère qu'à irriter une Chambre dont la popularité est évidente, qui s'est contentée d'un ministère prudemment libéral et qui s'est montré assez sage pour éviter au nouveau régime l'ombre même d'un conflit de pouvoirs la Chambre haute ne'ferait d'ailleurs de mal qu'à elle-même, car le sort du pays ne dépend plus d'une Assemblée unique, et l'opinion ira nécessairement, en cas de dissidence, à celle des deux Chambres qui la représente le plus exactement. Ainsi, toute idée de dissolution est dès à présent absurde; resterait le changement de ministère si le cabinet actuel croyait devoir se retirer après l'élection de M. Buffet; mais un ministère nouveau serait composé dans le même esprit que l'ancien, et alors à quoi bon se débarrasser de M. Dufaure et de ses collègues? ou bien le maréchal prendrait son cabinet dans la majorité sénatoriale révélée par le vote, et alors il faudrait en revenir à la dissolution, procédé qui se retournerait fatalement contre ses auteurs. Ajoutons que les journaux de diverses nuances s'accordent à dégager la personne du président de la république de toute solidarité dans la campagne entreprise par les patrons de M. Buffet. Les plus zélés, parmi les organes de la droite, se bornent à affirmer que le maréchal ne combat pas la candidature de son ancien ministre, ce qui est fort naturel et fort légitime. Ainsi, la république et la liberté n'ont rien à redouter, au fond, du vote sénatorial, quel qu'il soit. L'union des pouvoirs publics peut y perdre, il est vrai, mais l'autorité de la Chambre des députés ne peut qu'y gagner....

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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