Extrait du journal

I —(Suite) C’était la première fois qu’elle lui donnait spontanément une caresse et la première fois qu’elle versait devant lui des larmes. Rodolphe, éperdu, incapable de prononcer un mot, la serrait contre lui et baisait ses cheveux, se meurtrissant les lèvres aux aigrettes de dia mants qu’elle portait dans sa coiffure. — Oh I dit-elle en soulevant son front et en regardant le jeune homme. Que faut-il faire, que faut-il faire pour que vous n’ayez plus l’air si triste ? — Quand ai-je eu l’air triste, ma chère âme ? — Tout à l’heure, à l’Opéra. — Mais je n’étais pas triste... je vous assure. J’étais bien heureux... près de vous. — Heureux?... Ah! si vous aviez vu votre re gard... — Mais... J’étais comme d’habitude. — Gomme d’habitude !... Ah ! pauvre aïni !... Me pardonnerez-vous jamais ?... — Lysiane... Ma Lysiane... Vous pleurez sur moi!... Vous vous accusez !... Mais je suis un ingrat si j’ai pu vous paraître malheureux. Vous vous êtes donnée à moi, vous êtes ma femme, vous avez réalisé môn rêve?... Je ne désire rien, rien au delà. — Vraiment?... dit-elle. En prononçant ce mot, la jeune femme se re cula un peu pour mieux regarder son mari. Maintenant, elle souriait avec une coquetterie tendre. Jamais, sur sa physionomie soucieuse et hautaine, ce gracieux rayon n’avait passée Rodolphe s’écria. — Chère bien-aimée, prenez garde!... Vous allez me rendre fou de joie ou me déchirer le cœur. Ne me faites pas espérer ou comprendre des choses impossibles. Pourquoi pleurezReproduction interdite....