Extrait du journal

L’ESPRIT COLONIAL La grande et belle séance qui a eu lieu hier à la Sorbonne et où l’éloquence et la poésie ont rivalisé d’éclat et de charme ne. doit pas être ni rester un vain hommage ou une stérile répara tion à l’égard d’un grand homme méconnu. Dupleix n’a été célébré avec cette conviction et cet enthousiasme que parce qu’il incarne admira blement l’esprit colonial et hous montre ce qu’il devrait être chez tous les Français pour permet tre à la France d’organiser son vaste empire d'outre-mer et en tirer profit, puissance et gloire. Il est de toute évidence qu’il faut que ce grand héritage nous sauve et nous fortifie ou qu’il nous épuise et nous écrase. Ce.sera l’un ou l’autre suivant l’énergie avec laquelle nous saurons transformer en une source d’activité morale et de richesses matérielles, ce qui se .présente maintenant à nous comme une charge et un grave souci. Il n’y a que deux classes d’hommes qui vont aux colonies : des fonctionnaires qui y cher chent une place et des colons, des industriels ou des négociants qui espèrent y faire fortune. Jusqu’à présent, le mal est que les premiers sont trop nombreux et les seconds pas assez. Pourquoi cette disproportion lamentable qui fait que nos plus riches possessions restent im productives, que les capitaux français n’osent plus passer les mers, que des sociétés françaises hésitent à se former et à créer des entreprises à long terme, que les jeunes gens et les familles préfèrent une situation étroite et sans aucun avenir aux perspectives d’une libre et féconde activité sur des terres vierges et prêtes à récompenser les audacieuses initiatives et les énergies persévérantes? Qu’il y ait dans ces dis positions d’un caractère casanier et timide des causes tenant aux habitudes de la race et aux mollesses de notre civilisation, nous voulons bien l’admettre. Mais il y en a une autre plus accidentelle et plus actuelle qu’il'faut avoir le courage de signaler; C’est un certain état d’opi nion créé et entretenu nous no savons par quel...