Extrait du journal

Tunisie On nous écrit de Tunis : . Lo nom du premier ministre du gouvernement tunisien est mêlé à une affaire de chantage dont on parle beaucoup à Tunis, et dont vous allez voir l’im portance. Un gardien chef de la prison du Bardo, obligé de quitter son poste à la suite de malversations, réduit à la misère et pressé par de nombreux créanciers, imagina-de dépêcher l’un de ceux-ci, négociant failli, au premier ministre, pour lui tenir à peu près ce discours: « Excellence, je sais votre secret. La dernière exécution capitale qui a eu lieu devait être celle d’un de vos parents. Mais vous avez, par intimida tion et à prix d’argent, fait substituer au condamné un autre Arabe qui devait être libéré le lendemain et qui a été pendu. Le gardien chef, maintenant hors de votre atteinte, est décidé à parler, si vous ne nous donnez une somme de 28,500 fr. En cas de refus de votre part, nous exposerons les faits dans les . journaux et nous les ferons connaître aux Cham bres françaises. » Renvoyé par le premier ministre, l’individu en question — il ne se faisait pas faute de raconter à tout venant ses prétendues révélations — s’adres sa au résident général, qui ne le reçut pas, puis au secrétaire général du gouvernement, qui l’entendit devant témoins et le mit à la porte. De concert avec le gardien-chef révoqué, il mit alors en scène un troisième personnage, avec le quel sans doute, ils s’étaient déjà entendus. Celui-ci, est le rédacteur d’une de ces petits feuilles radicoboulangistes qui vivent, dans les bas-fonds colo niaux, de calomnies et de chantage. La sienne^ pour le moment, était morte. 11 la ressuscita l’es pace d’un numéro, dans lequel commençait la cam pagne annoncée, en môme temps qu’une dénoncia tion, par voie télégraphique, était adressée à l’un des membres du cabinet. Un journal de la localité ne craignit pas d’accueillir, au moins à titre de soupçon, cette histoire fantastique, et voilà le coup fait. Devant ces faits, Aziz-bou-Attour, le premier ministre visé, a porté plainte à la justice française. Les deux complices sont sous les verrous, le jour naliste d’occasion est en fuite. Il est à espérer que...