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Le Temps, 20 septembre 1890

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Le Temps
20 septembre 1890


Extrait du journal

Elle avait quelque chose à ajouter. Comme pour implorer le pardon de sa hardiesse, elle leva enfin les yeux vers sa supérieure, et Fanny Baron vit qu’elle les avait bleus, limpides, na vrés et magnifiques. — Rose, c’est mon nom pour entrer ici, mon nom de dame... Jusqu’à présent on me disait Rosette. — Pas mal ! approuva la caissière. Eh bien!' Rosette Everard, n’ayez pas peur. Je ne peux pas vous dire que ça soit tous les jours drôle ici, non!... Mais, avec du courage et de la santé, on finit par trouver sa petite vie partout. Il faut faire comme les autres, n’est-ce pas? Vous ferez comme nous, je suis là pour vous aider. — Merci, mademoiselle. — Déjà'bonnes amies! dit sur un ton d’appro bation le sous-directeur, en les dépassant pour aller causer avec un inspecteur, qui remontait du second sous-sol. Cette fois, la connaissance étant faite et la pe tite Everard embrigadée, l’idée ne pouvait même pas lui venir de toucher son bonnet grec. Tout le monde connaît le Crédit lyonnais, Louvre moderne, palais et musée de la haute finance installé au nœud vital de Paris, au plus parisien de ce boulevard qui est comme la moelle épinière de Paris : Paris, la cité par excellence de la civilisation contemporaine ! — Pour Rosette, ce Louvre était une Bastille. Cette enfant sortait d’un pensionnat assez distingué de la rue Saint-Honoré, où elle venait de passer son examen de.seize ans. Son père, ancien commerçant, s’était retiré des affaires quelques années auparavant avec une jolie ai sance, un reste d’activité inemployée et un goût secret de spéculation. Une fortune plus considé rable que celle de cet oisif aurait fondu sous une gérance vouée par nature aux hasards et aux maladresses. A la suite d’une spéculation, ce malheureux s’était trouvé du jour au lendemain presque sans le sou, trop vieux pour recommencer un commerce, ayant sur les bras des engagements, une femme malade, terrassée par le désespoir, jet trois filles, dont Ross était la plus âgée»...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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