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Le Temps, 20 septembre 1894

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Le Temps
20 septembre 1894


Extrait du journal

de tout le,personnel du télégraphe. » En conséquence, ou bien M. X... payera quarante francs ou bien on renverra aux. expéditeurs les télégrammes, avec prière de compléter l’adresse réglementaire. N’estCè pas tout à fait étrange -? Laissons de côté cet exemple ; en voici un autre : Je télégraphie à un mé decin d’une petite ville de six mille habitants, qui est seul ou à peu près seul de son état. Je ne nais ni le nom do sa rue ni son numéro. Me refuse ra-t-on ma dépêche sous prétexte qu’elle n’est nas .réglementaire ou que mon docteur n'est pas abonné? On voit à quoi tend cette application judaïque du règlement? Elle semble avoir été faite, d’une part, pour arracher au public quelques abonnements de quarante francs de plus, et de l’autre pour entraver et arrêter môme les dépêches télégraphiques qu’il serait de 1 avantage de l’Etat de multiplier. Il sera dit quen ces matières, comme en matière de téléphones, en France, nous tournerons toujours le dos au progrès. A Londres, le Post-Office met son honneur à ne jamais laisser une lettre ou un télé gramme en souffrance, quelque insuffisante que soit 1 adressa. A Paris, notre administration tiendra pour nulle et non avenue toute dépêche portant uno adresse très suffisante et très claire, mais unique ment parce que son destinataire ne payera pas 40 francs au fisc. Qu’arrivera-t-il avec ce système ? Pour peu qu’un détail, un rien, manque à une adres se, les employés du télégraphe la mettront au rebut pour ne pas se déranger, et une pauvre famille dans l’angoisse attendra peut-être en vain la nouvelle do la mort ou de la guérison d’un de ses membres, 1 indication d un remède ou toute autre décision ca pitale pour elle. Est-ce ainsi que l’administration espère servir et contenter le public ? Elle aurait pu faire, nous semble-t-il, le raisonne ment suivant : Une maison qui reçoit ou envoie trente ou cinquante dépêches par jour est un bon client pour lËtat et mérite quelques égards. Pour quoi la frapper d’une peine fiscale? Est-ce parce qu’elle vous donne beaucoup d’argérit? Et quant à la personne qui ne reçoit des dépêôhes que de loin en loin, n’est-il pas inique de lui demander, pour être sûre de recevoir les rares nouvelles qui l’intéressent, un abonnement de quarante francs? Si nos admi nistrateurs avaient ainsi raisonné en vuè du public, non en vue d’eux-mômes ou du fisc, ils auraient proposé une réforme, puisqu’il y a une réforme à faire ; mais ils l’auraient cherchée dans un autre sens. Ils auraient élaboré un petit projet bien sim ple que le ministre aurait soumis à qui de droit et qui aurait coupé court à toutes les difficultés. « Tâchons, se seraient-ils dit, pour éviter le plus possible des adresses incomplètes, que le public n’ait pas intérêt à les raccourcir plus que de raison. Pour cela, cherchons la moyenne de ce que coûtent les adresses ; fixons-en lé prix uniforme, quelle qu’en soit la longueur, au moins pour l’intérieur de la France; faisons pour J’adresse ce que nous avons fait pour la dépêche de dix mots.Décidons que dans cette dépêche l’adresse comptera pour 15 centimes, par exemple, partout et pour tous. Cependant, comme il y a des maisons ou des personnes qui peuvent en core avoir-intérêt,soit à abréger leur adresse, soit à en prendre do conventionnelles, autorisons ces per sonnes, moyennant l’abonnement de 40 francs par an, à pouvoir en user à leur gré. Ainsi, le tarif des adresses ordinaires sera uniforme pour la France en tière, l’abonnement sera facultatif, aucune contesta tion ne surgira, les adresses en seront toujours suffi santes et la caisse des télégraphes, en facilitant la multiplicité des relations télégraphiques, encaissera beaucoup plus d’argent que par le système bizarre auquel on s’est arrêté. »...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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