Extrait du journal

La Chambre des représentants belge a voté hier, après une discussion intéressante, le maintien de la légation près le Saint-Siège. Avant d'arriver aux affaires, le parti libéral, comme l'a loyalement reconnu hier M. Frère-Orban, ministre des affaires étrangères, avait réclamé qu'on supprimât cette légation, et c'est «au moment même où il se trouve en présence d'une opposition imjurieuse, calomniatrice dirigée par les évêques, qu'il vient en demander le maintien provisoire. » Par là, comme l'avoue M. Frère Orban, le gouvernement se crée une position difficile et peu agréable il mécontente quelques-uns de ses amis, et il n'a aucun espoir de se concilier ses adversaires. Pourquoi donc conserve-til la légation ? Pour des raisons d'intérêt public qu'il a fait connaître à la commission et qu'il déclare ne pouvoir communiquer à la Chambre. Nous avions supposé que le vrai motif était l'espoir qu'un pape plus tolérant pourrait contenir l'episcopat si belliqueux de la Belgique. Le langage du ministre concorde avec cette hypothèse. M. Frère-Orban établit en effet un contraste entre « les violences et les provocations » de l'episcopat, et l'esprit conciliant du nonce à Bruxelles et du cardinal Nina à Rome. Le langage du minière et le maintien de la légation belge dénotent l'espoir d'une entente. Toutefois, il n'y a pas de négociations entamées; tout se borne à un échange de vues, et M. Frère-Orban dit même « qu'entre le pouvoir spirituel du pape et le gouvernement laïque de la Belgique il n'y a pas lieu à négocier » assertion qui ne semble pas d'accord avec le maintien auprès du saint-père d'un ministre plénipotentiaire, qui est un négociateur, ou n'est rien. Le crédit affecté à la légation belge a été accordé par assis et levé, une dizaine seulement des députés libéraux ayant voté contre, et ensuite la Chambre a voté à l'unanimité le budget des affaires étrangères....