Extrait du journal

TEISTESSE3 Si l’on doutait que l’interpellation de M. Millerand eût ôté l’attaque la mieux conçue contre la politique de M. Combes et le plus grave péril que le cabinet ait couru, il suffirait de lire l’interview du président du conseil dans le Gil Blas d’aujourd’hui. M. Com bes a reconnu que la situation était « délicate » pour le ministère. Lui qui parle volontiers et qui, d’or dinaire, s’abandonne à la conversation avec une assez savoureuse et pittoresque abondance, il a, cette fois, fait, entendre que le moment n’était pas favorable pour causer. On aurait voulu sa voir ce que M. Combes pensait des affaires de M. Camille Pelletan. Il parait que le'président du conseil ne s’est pas contenté de sourire : il a ri aux éclats. Nous ne saurons jamais peut-être le sens exact de cet accès d’hilarité : mais, par malheur, M. Combes n’est pas la seule personne que M. Ca mille Pellotan fait rire; et fait rire à nos dépens. Il y en a d’autres, et surtout parmi les gens qui nous dé testent ou nous envient. D’ailleurs, nous devons à la courtoisie et à la bonne foi de ne pas trop traduire à notre gré le rire de M. Combes. Notons môme que le prési dent du conseil a fort nettement exprimé qu’il no dirait rien sur les affaires de la marine. II au rait, comme disaient les anciens, mis un bœuf sur sa langue plutôt que de parler. N’ayant pas de bœuf sous la main, il a —raconte le Gil Blas — pris un crayon bleu sur sa table de travail et fait un signe horizontal puis un signe vertical sur ses lèvres. Cela veut dire, dans la langue des gestos,...