Extrait du journal

Bans Roy© libre La Joie de la population de Roye à l’entrée des’troupes françaises s’est manifestée de la façon la ■plus touchante. De toutes parts, aux balcons et aux fenêtres, sont apparus des drapeaux à nos trois couleurs, pauvres petits drapeaux, humbles articles de bazar, cachés ja'ousement et gardés avec un soin précieux en attendant l’heure de la délivrance. Détail singulier : l’explosion des halles, aux trois quarts détruites par l’ennemi, a mis à jour tout un paquet de drapeaux tricolores qui avaient été dis simulés dans les greniers lors de l’entrée des Alle mands, et aujourd’hui ils se dressent noblement au-dessus des décombres. , Les habitants, pressés sur le passage des soldats, ne se lassaient pas de regarder leurs libérateurs et de les acclamer.. Et quand ils le-pouvaient, ils les assaillaient de questions. Les malheureux, en effet, ne savaient rien de la guerre et de la situation en France, que les Allemands leur représentaient sans cesse comme vaincue, mais ils refusaient de les croire et gardaient toute leur confiance dans la victoire de la patrie. Parmi les femmes qui se trouvent à Roye, beau coup y avaient été transportées des localités voi sines quelques jours avant la reprise de la ville. Dans le nombre, on en remarquait plusieurs origi naires de Maubeuge, dont l’une, tous les hommes étant partis ou ayant été emmenés comme otages, avait été choisie comme mairesse. Ces femmes, qui ignoraient où on les emmenait, furent fort surpri ses de constater qu’elles étaient encore en France; elles le furent bien davantage encore, mais cette fois, avec quel ravissement, quand elles se virent dans un territoire français redevenu libre....