Extrait du journal

M. Neville Chamberlain et lord Halifax arrivent aujourd'hui à Paris, rendant ainsi à M. Daladier et à M. Georges Bonnet la visite que le président du conseil et le ministre des affaires étrangères firent au mois d'avril dernier au premier ministre et au secrétaire d'Etat pour les affaires étrangères de GrandeBretagne, visite qui a abouti à la conclusion de l'accord franco-britannique tel qu'il est établi maintenant et tel qu'il est appliqué depuis cette époque. D'avance on a attaché, avec raison, la plus grande importance aux entretiens que les deux ministres anglais auront pendant deux jours avec les deux ministres français, car les circonstances internationales sont telles que les cabinets de Londres et de Paris doivent faire le point de l'évolution de la politique générale européenne et se concerter sur l'attitude commune à adopter par les deux puissances dans toutes les éventualités pouvant se produire. Depuis la conférence de Munich du 29 septembre dernier l'atmosphère internationale s'est quelque peu modifiée. La détente constatée au lendemain du règlement de la question tchécoslovaque risque d'être troublée par les polémiques assez vives de la presse allemande au sujet du réarmement britannique et des réactions de l'opinion anglaise contre les persécutions dont les juifs sont victimes en Allemagne. En dépit de-la déclaration commune chamberlain - Hitler, - les relations entre Londres et Berlin ne sont guere empreintes, pour l'instant, de beaucoup de confiance réciproque, et il en résulte un certain flottement, dans les conditions morales où l'on peut envisager des négociations d'ensemble. Il est donc tout naturel que les cabinets de Londres et de Paris se concertent sur les possibilités qui existent en faveur du meilleur rendement politique de leur coopération....