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Le Temps, 26 janvier 1911

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Le Temps
26 janvier 1911


Extrait du journal

ne se dissipa que lorsqu’elle aperçut les pre miers moulins à vent du pays natal penchantleurs silhouettes noires ou rouge brique sur l’horizon gris à perte de vue... En se séparant de Fabier, qu’elle embrassa comme une mère, elle lui fit promettre, d’écrire ; souvent. Mais c’était beaucoup lui demander., La première lettre n’arriva qu’au bout de trois mois. • « Si je n’étais si loin de vous, ma chère amie, lui disait-il, je ne me déplairais pas trop dans cette petite- ville où l’on vit dans la rue à partir de six heures du soir et où l’on mange d’excellentes prunes (j’en envoie un couffin à Lille, un autre à Wattignies). Bouchez-vous le nez : je ne déteste pas l'ail. Clignez les yeux : j’aime le soleil. Les gens d’ici ne rêvent guère, et comme on l’a justement observé, ne pensent qu’en parlant. Quand on cause avec eux ils ont besoin de vous mettre la main sur l’épaule ou de vous tirer par le bouton de votre habit; mais, il y a toujours dans leurs gestes; comme dans leur verbe, quelque chose de pittoresque et do passionné qui intéresse ou qui. émeut. Leurs yeux "regardent, incapables de refléter les nuan ces d’une idée complexe; ils semblent ne pou voir exprimer que la colère ou l’amour, et alors ils flambent. Leur terrible accent piétine, écrase l’ambre fin de la langue française; mais tout à coup, ajusté au patois local, il produit une har monie chaude, nombreuse, soutenue comme une musique de fugue. Sont-ils meilleurs ou pires que ceux parmi lesquels j’ai vécu trente ans ? Vous, chère amie, vous n’hésiteriez pas à vous prononcer; moi, je ne juge pas. Rien n’est plus difficile que do juger, excepté quand on est assis dans un bon fauteuil, avec une toque sur la tête, un pan d'hermine à l’é paule, et qu'on a devant soi un gros livre où mut est prévu. On écoute les plaideurs d’une oreille plus ou moins distraite, on dessine un croquis; si les avocats sont trop longs, on se permet un léger somme; puis on ouvre le li vre, on vise le cas numéroté et l’on prononce...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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