Extrait du journal

secouer votre mal, revivre, respirer de l’air li bre, reprendre goût aux choses humain.es, avoir votre âge, quoi! Et puis, vous ne pouvez pas refuser cette marque d’estime et d’affection à votre vieux chef qui vous a tant persécuté!... Il riait à présent, avec une petite émotion qui lui mettait un peu de rouge au coiû de l’œil et lui vernissait la cornée. Quant à Prosper, toujours prêt aux crises de puis des mois, il se troublait tout à fait, et la tête plus basse encore, ravalait ses larmes chau des, dans une immense honte de paraître aussi lâche, mais impuissant à refouler ses sanglots. — Merci, monsieur, merci... j’essayerai... — Allez, mon enfant, remettez-vous. C’est convenu... lundi, neuf heures... vous nous ferez plaisir. — Oui, monsieur Isolin... oui, je veux bien, j’irai. C’est ainsi que Prosper acceptait cette invita tion..Quand ses camarades apprirent de quelle faveur il était l’objet, ils le félicitèrent, sans l'envier cependant; d’ailleurs, la plupart, tous ceux qui possédaient une certaine éducation, l’avaient précédé dans le salon des Isolin. Un de ceux-là lui dit,-à titre d’avertissement sans doute: . — Veinard I Vous allez vous rincer l'œil avec la beauté de Mlle Clarisse et vous emplir les deux oreilles jusqu’à plus soif de musique clas sique et autre. Mais vous savez, ne tombez pas amoureux de la jeune personne ; elle n’épousera jamais qu’un opulent seigneur qu’elle' attend toujours. Paraît qu’il est en route depuis huit ou neuf ans; ce qui prouve jusqu’à l’évidence qu’il ne demeure pas à la porte à côté. , Sur ce, le donneur de conseils ricana longue ment en se mordant les ongles. Devenir amoureux, lui? Cette idée renversait Prosper. Comme c’était possible ! Il haussa les épaules. Ilélas ! son cœur était gardé. Ii y avait quatorze mois que Micheline était partie; quatorze mois que son triste ami ne savait plus si elle était vivante ou morte. Il avait encore une fois déménagé, ayant pris en horreur celle mansarde où il avait vécu leur vie commune, des jours joyeux, les seuls de son existence. Il habitait à présent rue. de l’Àrhre-Scc, au coin de la rue Saint-HQ^or^ en face de cette^...