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Le Temps, 29 août 1911

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Le Temps
29 août 1911


Extrait du journal

én se rejoignant, elle distinguait toujours, à côté du cavalier, la créature vêtue de la robe ardente qui descendait le long de son corps, telle qu’une coulée de feu, coiffée de ce béret hardi sous lequel s’amincissait et s’aiguisait sa tête vipérine. Quand elle rentra au palais du Trastevere, elle s’y retrouva seule : elle l’était toujours de puis le départ du duc. L’unique créature à la quelle elle parlât était une esclave caucasienne, une brune à la peau blanche et à la voix très douce, qui, par sa façon de glisser comme une ombre autour de sa maîtresse et de s’adapter discrètement à la mélancolie de celle-ci, se con fondait avec les fantômes qui traversaient la pensée d’Alba. Mais ce soir-là, elle avait dû s’absenter du palais pour quelque service, et la jeune femme, quand elle y revint, n’y fut point accueillie par la consolation silencieuse que lui offrait humblement ce visage familier et tendre de jeune fille. Elle s’assit dans un angle déjà obscur de la chambre ; sa tête s’inclina sur sa poitrine, et' libre de pleurer, elle pleura. Que ferait-elle de sa vie désormais? Lutter contre la rivale? Elle n’y pouvait songer. Il lui avait suffi de la voir et de se comparer à elle. Cette fille hardie, cette amazone sauvage était pour César la vraie comp’agne. C’était elle qùi devait le suivre à la guerre, respirer avec lui la fumée des champs de carnage un soir de victoire, entrer à ses côtés dans les villes prises. Mais elle, la pauvre Alba!... Vainement ellé s’y était efforcée, elle n’avait pas pu fondre son âme avec celle de son maî tre : au nid du vautour, elle demeurait la sim ple colombe fascinée, épouvantée plus encore qu’éblonie; son effroyable amour l’avait meur trie, sans la transformer. Elle n’était pas de venue semblable à l’homme qu’elle aimait, après lui avoir sacrifié, le meilleur d’elle-même. Don César avait triomphé sans lutte dès pu deurs de la vierge et de la patricienne ; il avait contraint la fille des Colonna à déclarer devant son père qu’elle préférait son amour à la reli gion du foyer et de la race : son orgueil main tenant devait être pleinement assouvi. 11 avait épuisé toutes les satisfactions que pouvait lui donner l’aventure : pourquoi s’y serait-il at tardé? Il n’aimait déjà pins Alba quand il avait...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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