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Le Temps, 30 septembre 1911

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Le Temps
30 septembre 1911


Extrait du journal

— Eh bien, je vous y mène!... Que vous faut-il de plus ? — Bon Dieu! m’écriai-je. Mais, malheureux! comment prétendez-vous mjy mener, avec un équipage . mutiné, un équipage qui se refuse à vous livrer un assassin! — Dieu me donne la patience! mugit-il sou dain exaspéré. Où diantre voulez-vous que j’aille, sinon à Rio ? -^•Voyons, voyons!... repris-je, m’efforçant au calme. Vous savez aussi bien que moi que vous n’arriverez jamais à Rio dans les condi tions actuelles. Vous savez que l’équipage est en révolte et qu’il se rit de vous ! Vous savez qu’en prenant le parti du métis vos hommes se sont rendus solidaires de son crime. Et sa chant ces choses, vous osez vous faire fort de me conduire à Rio comme si de rien n’était! — Je le ferai! cria-t-il, buté. Je suis parti pour Rio et j’arriverai à Rio! — Eh bien, moi, j’ai à vous dire que je re fuse pour ma part de continuer le voyage dans des conditions pareilles. •—Vous refusez ! rugit-il. — Oui, monsieur ! criai-je, élevant le ton à mon tour. Je vous somme de me conduire à Madère! Je.refuse de me confier à une bande d’assassins menés par un homme qui n’a pas sur eux l’ombre même de l’autorité! J’exige que vous .nous mettiez en lieu sûr !,. » Eh Lien,-eh bien, mugit-il, fou de rage,.j’ai à vous dire, moi, que plutôt que de faire ce que vous me demandez, je coulerais ce vais seau de mes propres mains... de ces mains que voilà!... ajouta-t-il en brandissant d’un geste violent ses deux poings fermés. Et dardant sur moi un regard de haine qui faisait brûler ses petits yeux comme deux charbons dans sa face pourpre, il se mit à marcher à reculons vers l’escalier. Soudain il s’arrêta. • — Vous avez comploté ça avec le quartiermaître ! beugia-t-il à tue-têtè. — Et quand cela serait ! criai-je à mon tour, d’une voix à lui montrer que je ne lui cédais en rien pour la force des poumons. Quand je l’aurais fait ? Qu’auriez-vous à dire ? Alors, c’est entendu ? Vous refusez de me mettre à Madère ? — Je refuse ! rugit-il. Et me montrant une dernière fois le poing il escalada l’escalier en trois sauts et dis parut. — Ma parole ! m’écriai-je, en m’épongeant le front, car la colère m’avait fort échauffé,...

À propos

Le Temps, nommé en référence au célèbre Times anglais, fut fondé en 1861 par le journaliste Auguste Neffzer ; il en fit le grand organe libéral français. Il se distingue des autres publications par son grand format et son prix, trois fois plus élevé que les autres quotidiens populaires. Son tirage est bien inférieur à son audience, considérable, en particulier auprès des élites politiques et financières.

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