Extrait du journal

Mon mari, de son côté, empruntait de l’ar gent, et quelquefois sans me le dire. Il aurait bien voulu se rendre utile par quelque travail et me faire une existence moins navrante, mais il n’en trouvait pas les moyens. Son humeur était devenue irritable ; je me de mandais si parfois, malgré la certitude où j’étais qu’il m’aimât toujours, il n’avait pas de regret de s’être aliéné son père en m’épou sant. Je redoublais alors de tendresse pour lui et de courage dans notre lutte contre la destinée. Je cherchai de l’ouvrage à l’aiguille et j’y passai les jours et les nuits. La santé de Charles s’était altérée, mais, par une sorte de miracle, la mienne résistait à tout. Mon gain, hélas ! était si peu de chose, que nous sentions cruellement les privations de toutes sortes qui augmentaient chaque jour. Nos vêtements usés ne pouvaient être...