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L’Écho de Paris, 7 janvier 1908

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L’Écho de Paris
7 janvier 1908


Extrait du journal

■Enfin, après plusieurs jours de forte gelée, les amateurs de patinage ont pu se livrer en toute sécurité au plus gra cieux de tous les sports d'hiver. Dimanche, après midi, déjà les gardes 'du bois de Boulogne avaient permis au nombreux public accouru de se risquer sur la glace des lacs dont l'épaisseur dé passait les sept centimètres exigés par le règlement. Car il -est établi, paraît-il, que, lorsque la glace a moins de sept centimètres d'épaisseur, elle n'offre pas une solidité suffisante pour qu'aucun accident ne soit à craindre. Hier, dans l'après-midi, le Cercle des patineurs offrait au lac au tir aux pi geons le très gracieux spectacle d'un rendez-vous de suprême élégance. La glace, parfaitement lisse, avait le ton d'un miroir d'étain. De hauts peu pliers alignés au bord y reflétaient leurs Silhouettes dénudées, aux tons roux; sous le ciel gris perle, ;les bouquets de sapins, encadrant le paysage, mettaient comme une confortable note de velours vert. Au loin, sur les allées grisés, à travers les troncs innombrables des ar bres pareils à des hachures de sépia, filaient les autos jaune serin, les autos rouge vif, les noires^ les vert bouteille, les bleu foncé aux cuivres étincelants. Et sur ce décor de keepsake, complé tant l'illusion, se détachaient, roses, animés par le froid et la joie du mou vement, les yeux brillants, les char mants visages des plus jolies femmes de Paris. C'est un coin, un tout, petit coin dans l'immense bois que ce cercle des patineurs, mais c'est un coin select, comme un salon .de bonne compagnie en plein air, à l'abri de l'envahissement des foules, des curiosités gênantes • et des vulgarités. Sur l'herbe encore verte, un large chemin de sparterie conduit depuis le chalet du cercle jusqu'à la glace. Il la borde ensuite sur environ cinquante mètres de longueur, et lui-même il est bordé du côté de l'herbe par un aligne ment de niches d'osier, serrées les unes contre les autres ; quelques-unes de ces niches, comme on en voit sur les pla ges, sont doublées de cretonnes claires ; à leurs pieds, il y a des chancelières ou des peaux de mouton,.et les mondaines, emmitouflées de riches fourrures, qui s'y blottissent, sont dans la plus confor table situation pour bien voir, sans avoir froid, les ébats des patineurs et des patineuses. Celles qui ne patinent pas potinent, entourées de petits chiens mignons qui ont aussi leurs pelisses de drap dou blées de castor ou de loup, accompa gnées d'adorables bébés dont les minois roses et les boucles blondes se cachent sous d'immenses capotes en forme d'abat-jour ou d'entonnoir. Si je vous di sais qu'on ne parle pas du prince de Sagan et du comte Boni de Castellane, vous ne me croiriez pas... Connaissez-vous spectacle plus « al lant », plus charmeur, qui vous retient cloué de ravissement et de crainte à la fois au bord ,du miroir poli, spectacle...

À propos

Fondé en 1884 par Aurélien Scholl et Valentin Simond, L’Écho de Paris était un grand quotidien catholique et conservateur. Il était sous la coupe financière du célèbre homme d'affaires Edmond Blanc, propriétaire notamment de plusieurs casinos et hôtels de luxe à Monte-Carlo.

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