Extrait du journal

ES CHERS CONCITOYENS 1 Résolu à faire votre bonheur, j'ai voulu avoir, moi aussi, mon panneau électoral pour y exposer mon programme. Ce programme tient en deux mots : TOUS HEUREUX 1 Comment,- me direz-vous, assurer ce bonheur universel ? Poser la question, c'est. presque faire injure au suffrage universel dont les droits sont souverains et absolus. Ne lui suffit-il pas d'ordonner ? Dûment mandatés par lui, ses élus n'auront qu'à voter, dès la première séance de la Chambre, une bonne loi abo lissant le paupérisme, accordant à tous les citoyens des rentes suffisantes pour faire face à tous leurs besoins. Cette loi, je m'engage à la voter des deux mains. Mais les satisfactions matérielles ne suffisent pas. C'est pourquoi je propo. serai le vote d'une seconde loi instituant l'égalité absolue : - plus de beaux et de laids, plus de grands et de petits hom mes ; tous égaux, tous pareils. L'égalité s'étendra aussi à l'habillement, à la nour riture : on mangera tous les mêmes plats, à la même heure ; et les plats seront co pieux, succulents. Il suffira d'un bon rè glement d'administration publique pour fixer les détails. Citoyens t L'égalité que j'entrevois ne s'arrêtera pas là. Un jour que Jaurès exposait son plan de la Cité future, Clemencèau lui demanda à brûle-pourpoint : a Qui ha. bitera aux Champs-Elysées ? » Le grand orateur socialiste ne sut que ré pondre. Moi, j'ai ma réponse toute prête....