Extrait du journal

par André PAyiE. L'endurance et la résignation, qui sont deux vertus traditionnelles de l'agricul teur français, soumises depuis des an nées à une rude épreuve, combien de temps encore tiendront-elles ? On n'en est plus à compter les signes d'une las situde grandissante et les manifestations d'un esprit de révolte qui souffle çà et là dangereusement. La misère rurale n'est point un vain mot. Si, depuis quelques semaines, la perspective d'une récolte qui s'annonce comme devant être médiocre non seule ment chez nous mais dans le monde en tier, ou peu s'en faut, a fait quelque peu remonter les cours ■ du blé, il n'en est pas moins vrai que le prix de tous les produits agricoles est descendu à un ni veau si bas qu'il ne couvre plus les dé penses engagées. Cela seul suffirait à dé soler le cultivateur, qui voit fondre ses économies s'il en a, s'effriter son patri moine et grossir ses dettes. Mais ce qui le désole plus encore et l'exaspère c'est d'entendre contester, nier au besoin, cette misère, c'est d'entendre soutenir que toute revalorisation du prix des produits agricoles provoquerait une hausse in supportable' du coût de la- vie, qu'il a bien tort de se plaindre, alors que les pouvoirs publics font tant pour le sou tenir et le protéger. L'agriculteur « artisan de la vie chère » c'est une vieille légende qui ne tient pas devant la comparaison faite à maintes reprises entre l'augmentation du prix des produits agricoles par rapport à leur prix d'avant guerre et l'augmentation du prix de tous les autres produits. Cet écart, tant de fois signalé ici-même, n'y revenons pas aujourd'hui. Mais voici des chiffres récents, empruntés à la statisti que générale de la France : depuis le début de la crise économique actuelle les revenus de l'exploitation commerciale ont baissé de 32 %, ceux de l'exploitation industrielle de 49 %, ceux de l'exploita tion agricole de 62 %. Ne sont-ils pas révélateurs ? . L'aide de l'Etat à l'agri culture? Des chiffres encore : sur un budget de dépenses de 47 milliards, le budget du ministère de l'agriculture se monte à 340 millions, soit 7 pour mille. Sans doute il serait profondément in juste de proclamer que tous les gouverments qui se sont succédé depuis la guerre ont ; négligé ou méconnu les in térêts de l'agriculture. Mais les mesures prises n'ont été le plus souvent que des mesures provisoires, des mesures de cir constance qui se sont révélées ineffica ces, quand elles n'allaient point à ren contre des résultats que l'on voulait ob tenir. Parmi tant d'exemples, comment ne point songer au plus frappant de tous: la fixation du prix minimum du J Politique sans esprit de suite Ce qui a manqué essentiellement à notre politique agricole, en ces der-...