Extrait du journal

aussi, de sombrer, si quelque lueur d'espérance de la Retrouver un jour ne lui était rendue. Tout est simple ici, et ce n'est plus que le duel de deux âmes, de deux nobles âmes, le conflit de deux amours, de deux nobles amours : l'humain et le divin. Notre sensibilité est unique, mais son objet peut être infini. Elle n'est pas différente si elle convoite Dieu ou quelque créa ture. C'est son objet qui change, mais c'est toujours notre cœur qui aime. Les mystiques se servent des expressions humaines ' pour crier leur divin amour. Je ne sais rien de plus émouvant, dans le ré cent roman contemporain, que cette Abbaye d'Evolayne, où la chair se purifie dans le sang du •Christ. Franc-Nohain me permettra pour une fois de le dire. Ce livre ressemble si peu à toutes les pein tures habituelles de nos mœurs ! Et cependant, il est si vrai, si hu main dans la mélancolie de son double échec. « Elle demanda le bonheur infini à l'être éphémère, y est-il dit de l'héroïne, mais elle fut seule entre ses bras. Elle ne comprit pas et ne fut pas com prise, elle eut pour croix un corps vivant. » Et, s'adressant à Dieu : « Condamnes-tu l'amour humain, Toi qui fis l'homme et la femme l'un pour l'autre afin qu'ils se dé çoivent, s'ils ne se cherchent pas en Toi ?... » L'amour humain se venge. Mais qu'est-il, réduit à luimême, et ne réalisera-t-il qu'en Dieu" cette union totale qui est son désir suprême et son dé.cevant mi rage ? BENRY BORDEAUX, ta l'Académie française....