PRÉCÉDENT

L’Écho des gourbis, 1 janvier 1918

SUIVANT

URL invalide

L’Écho des gourbis
1 janvier 1918


Extrait du journal

A VOS LYRES!!! EN PASSANT à Mademoiselle Bonin, directrice de T Ecole Salneuve et à ses élèves. Plus de bruit au hameau ! Les pierres sont en deuil Leur silence si lourd n’est qu’un vivant cercueil Où frémissent encor les heures abolies. Pierres du vieux pays, par les maux ennoblies, Quel être saura donc par de purs chants vainqueurs Magnifier pour tous'vos sublimes douleurs ? Riches demeures et misérables chaumines, Hutte du bûcheron, trépidantes usures Que l’effort régentait de ses fécondes lois, Le bonheur installé au mystère des toits * N’appelait pourtant point les lueurs assassines, Les meurtres et les viols, les canons aux abois... Mais la maison est morte... Une immense crevasse Dans le toit fracassé retient le vent qui passe. Comme de larges yeux frappés de cécité Les fenêtres, trous noirs, sont vides de clarté. Seul, un vieux chat très las, que le passant appelle, A l’antique foyer est demeuré fidèle. Briques rouges d’antan et froides pierres glabres Ont l’attristant éclat de l’acier clan des sabres Qui tracent au hasard de leur roide chemin Des entrailles et des déchirures sans fin. Le ciel toujours est bleu. Même la brise apporte Quelque neuve fraîcheur. Mais la maison est morte... Peut-être quelque jour de l’avenir lointain, Dans le sol dévasté germera le bon grain, Que de l’ombre naîtra l’irradiante vie, Puisque vous étiez la, ô fillette jolie : Vos précieux souris égayaient la maison. Quand la nuit apportait du fond de l’horizon Ses vacillants flambeaux, n’étiez-vous pas assise Auprès du feu bien clair ? Lissant sa barbe grise Grand-père vous faisait de fantasques récits, Longtemps il causait d'eux qu’il appelait maudits. Eux qui vous prirent tout, eux qui voulaient la [ France... Leur rage a tout souillé dans sa triste démence : Le berceau de l’enfant, le reposoir des morts ! Ne pleurez pas, enfants, nous serons les plus forts. Bien qu’il ne reste rien de vos joies éboulées, Bien que l’écho d’hier fuie à toute volée....

À propos

L'Écho des gourbis est un journal de tranchées publié pendant la Première Guerre mondiale par le 131e régiment d'infanterie territoriale. Dirigé par Jules Lafforgue, poète, journaliste et écrivain, et Franc Malzac à la direction artistique, il aura pour supplément le Certificat de marraine créé par L'Écho des Gourbis

En savoir plus
Données de classification
  • robinne
  • ronsard
  • jean cazes
  • verlaine
  • france
  • houx
  • meuse