PRÉCÉDENT

L’Écho rochelais, 7 mars 1848

SUIVANT

URL invalide

L’Écho rochelais
7 mars 1848


Extrait du journal

Appel à la Ration. Il faut rendre pleine justice au Gouvernement provisoire, et nous avons été des premiers à signaler les titres qu'il a conquis à la reconnaissance du peuple par son dévoûment, sa prévoyance et son zèle. Imprimer une direction féconde au mouvemant révolutionnaire, mettre un frein à la licence, assurer le maintien de l'ordre par la répression salutaire de criminels atteutats, pourvoir aux besoins des classes nécessiteuses, organiser l’administration dans les départemens et rendre leur fonctionnement régulier à tous les rouages des services publics dans l’intérêt de l’Etat et des masses : telles sont les mesures qu’il avait à prendre à la suite de la commotion volcanique • qui vient de renverser la monarchie. C’était là une tâche immense qui attirait sur lui la plus grave des responsabilités, et exigeait de quelques hommes toute la puissance de volonté, d’énergie, de sagesse et d’intelligence que ne possèdent pas souvent les plus imposantes assemblées. Eh bien! celte œuvre gigantesque, le Gouvernement provisoire a su l’ac complir avec une rapidité qui dépasse les forces hu maines et tient en quelque sorte du prodige. Mais il est un acte qu’il n’a pas encore accompli et qui est la condition fondamentale de sou exis tence : c’est l'appel ù la nation tout entière. Le Gou vernement provisoire a proclamé la République , et sans nous arrêter un seul instant à la possibilité d’une résistance qui remettrait tout en question et, en fai sant surgir de terribles éventualités, deviendrait peutêtre le plus grand des malheurs publics, nous res tons convaincus que la grande majorité des citoyens se prononcera pour la nouvelle forme de gouverne ment. Mais enfin le pays doit être consulté, et il le sera. Ce n’est pas seulement un droit pour lui, c’est une garantie pour l’avenir. f Jusqu’ici, en effet, les gouvernements qui se sont établis eu France ont eu la prétention d’appuyer leur légitimité sur la sanction nationale. Ou Us se sont vantés d’être l’expression du vœu du pays sans l’avoir consulté, comme en 1850. par exemple, et alors, ils ont usurpé un droit qu’ils n’avaient pas pour le déléguer à une assemblée dont les pouvons n allaient pas jusqu’à constituer un nouvel ordre de choses ; où ils ont imposé des conditions restrictives à la manifestation de la pensée nationale, et dans ce cas ils ont substitué la fiction à la réalité. Ce sys tème d’escamotage, en accusant leur défiance, don nait aussi la mesure de leur faiblesse. Aussi, à dé faut d’une solennelle et générale consécration, leur légitimité fut-elle révoquée en doute, et ils tombèrent, malgré le prestige de force qui les environnait, parce qu’ils n’avaient pas cherché véritablement leur appui dans la nation. Il importe d’éviter cet écueil, et tout en tenant compte des multiples embarras qui ont assiégé le Gouvernement provisoire, on s’étonne à. juste titre peut-être qu’il n’ait pas encore eu recours à la ratification dont a il posé, reconnu le premier le principe. Celte grande mesure est urgente autant qu’indispensable. Elle aura pour effet d’affermir l’ordre de choses établi , et de ramener tous les esprits qui flottent en ce moment encore dans le vague des conjectures vers la pensée du grend acte de souveraineté qu’il s’agit d’accomplir. Qu’on se bâte donc. Chaque jour de retard est à nos yeux une faute quipeul avoir sur l’avenir une fâcheuse influence. o s

À propos

Lancé en 1828, le Journal commercial, littéraire et d'annonces judiciaires de La Rochelle donnait toutes les semaines des renseignements de première main sur les activités du port de La Rochelle. En 1829, il change de titre pour devenir L'Écho rochelais, mais reste fidèle à sa formule, amalgame de renseignements financiers de proximité et de bruits de couloir mondains. Le journal paraît jusqu'en 1941.

En savoir plus
Données de classification
  • renou
  • annee
  • frédéric boutet
  • france
  • paris
  • rochelle
  • charente
  • patrie
  • la république
  • république française