Extrait du journal

que chacun de nous avait eues avec son mari, et se trouvait pour la première fois eu présence des dépositaires du fatal secret. Après une présentation glaciale, la conversation s’anima cependant. Habile à interpréter les impressions d’autrui, des Mollcux me parla des tableaux devant lesquels il m’avait trouvé en extase et les déprécia le plus qu'il pût. — Etes-vous connaisseur? me demauda-t-il. — Fort peu, lui dis-je. — Ce ne sont que d’assez bonnes copies, très-bonnes même, si vous voulez, mars qui n’ont rien de précieux. En Italie, il est des artistes qui se font une spécialité de ne copier qu’un seul et même tableau ; ils atteignent ainsi un certain degré de perfection qu’ils ne dépassent jamais; c’est froid et maigre auprès des originaux. J’ai rapporté celte collection de Florence. Vous verrez aussi dans mon salon à manger quelques statues dignes d'intérêt. Elles sont l’œuvre d’un jeune sculpteur de Livourne, qui me les céda lors de mon départ ; j’étais en fonds, et ne crus pouvoir mieux faire que d’obliger le pauvre diable par un pareil achat. ‘Les sculptures, selon moi, n’appartenaient point à une époque si moderne; je m’abandonnais à d’étranges suppo sitions , quand nous nous mimes à table. — Nous irons à l’Opéra, messieurs, c’est convenu, dit des Molleux un instant après. Madame y viendra avec nous ajouta-t-il, comme petar répondre à la direction de mes regards. S’adressant alors à son valet de chambre : — Allez chez M. le duc de R..., dit-il; vous lui présen terez mes civilités, et le prierez de vous donner la clé de sa loge pour ce soir: il me l’a promise. La mienne est; beaucoup moins commode, nous y serions à l’étroit. On parla de spectacles, arts, littérature, voyages, ma...