Extrait du journal

En un instant de détente, après les semaines mêlées d’an goisses, de surprises, de décep tions, d’espoirs, ma pensée las se, s’égarant dans les derniers échos des moments passés, se laissa mollement aller comme la barque, bercée après la tempê te, glisse sous la brise légère vers le calme horizon. Le bruit inquiet de la rue fit place à de joyeux carillons, une ambiance aimable planait ; et voici ce que je vis, comme au temps des voyages fabuleux que jadis me racontait mon père lorsque j’étais enfant : Sous un toit clair, une famil le heureuse, les petits jouaient, sous la surveillance maternelle, gai ment mais discrètement pour ne pas troubler l’aïeule qui re posait. Dans la rue la politesse avait remplacé le laisser-aller in cohérent, les règlements étaient d’ailleurs volontiers observés. Le commerçant çtait soucieux de l’intérêt de son client, le client avait confiance dans le vendeur. Le travailleur collaborait avec dévouement avec son patron, le patron reconnaissait la valeur de son ami l’ouvrier et l’en ré compensait. Le débiteur s’acquittait sans récriminer, le créancier se fiait à l’honnêteté de l’acheteur. La bonne éducation dominait partout. Le fonctionnaire ser vait dignement. Le respect du droit des autres faisait place au système D. La sagesse enfin était devenue POUR LES FAMILLES sans nouvelles de leurs Soldats En réponse à des demandes qui lui sont adressées par des mères j et des femmes de soldats dont on est sans nouvelles, le Maire croit pouvoir les rassurer. Plus d’un million de militaires français de- tous grades n’ont pu, depuis plus d’un mois, correspon dre avec leurs familles. Les auto rités dirigeantes allemandes ne permettent pas encore les com munications et les kommandanturs locales n’y peuvent rien.' U faut espérer que cette situation se modifiera prochainement. On ne peut encore prévoir la date de libération des Armées Françaises prisonnières, mais leur ravitaillement est assuré....