Extrait du journal

LA RENTRÉE DES CHAMBRES La rentrée des Chambres est fixée au 18 octobre. Déjà le monde politique se préoc cupe de ce qui se passera à cette époque. Le gouvernement compte beaucoup sur le budget pour écarter les discussions brû lantes et qui pourraient lui porter om brage. Déjà la commission du budget a été convoquée par son président, M. CasimirPerier. On peut donc dire que la vie poli tique va recommencer. Il ne faut pas pourtant que nos ministres se dissimulent le danger qu’il y a pour eux à se retrouver en face du Parlement. Pen dant les vacances, ils ont pu remettre au lendemain les questions délicates, et s’en dormir dans un agréable farniente. Dès le jour de la rentrée, on leur prouvera qu’ils n’ont reculé, selon l’expression familière, que pour mieux sauter, et il est à craindre pour eux que plusieurs soient obligés de faire le saut périlleux. Donc c’est le citoyen Lafargue, qui va reprendre l’interpellation qu’il a dû retirer par suite de la clôture de la session. Il de mandera au gouvernement ce qu’il compte faire pour mettre un terme à la conduite des patrons qui obligent leurs ouvriers à des pratiques religieuses. En vain le gouvernement répondra que cela n’est pas vrai et que, cela fût-il exact, il n’y pourrait rien, que les ouvriers ont le droit de quitter les ateliers dans les quels ils ne se trouvent pas libres. Qu’on ne se fasse pas illusion c’est sur ce terrain que la bataille s’engagera. Elle est dans l’air. La franc-maçonnerie en a donné le signal et soyez assuré qu’elle sera servilement obéie. La question de la séparation de l’Eglise et de l’Etat sera dans cette occasion remise sur le tapis, et Dieu sait ce qui en pourra sortir. Nous ne serons plus au Panthéon, où les paroles de paix et de tolérance étaient imposées. Les passions vont se montrer dans toute leur laideur et le choc sera vif. Nous croyons qu’il n’y a pas dans cette Chambre une majorité décidée à donner raison à l’athéisme contre la justice, mais peut-on savoir ce que nous réservent les hasards des scrutins ! Dans tous les cas, la situation du gouver nement sera terriblement embarrassante. Pour qui va-t-il prendre parti ? Il a déposé un budget qui comporte le payement des indemnités aux ministres de tous les cultes reconnus. Ira-t-il jusqu’à renoncer à son projet ? S’il le défend et en admettant, ce que nous croyons, qu’il sorte vainqueur de ce tournoi, c’est une victoire qui lui coûtera cher. En effet, il se fera ainsi des ennemis irréconciliables des clémencistes, et, à la première occasion, ceux-ci le jetteront par dessus bord....