Extrait du journal

Certes, ce document porte l’empreinte d’une méthode trop incohérente et d'un opportunisme trop timide. Cette œuvre eût été plus efficace et plus durable si les négociateurs avaient apporté dans leurs délibérations plus de discipline et dans leurs décisions plus de logique. La discipline n’est point une vertu française. La transaction reste une tradition anglosaxonne. Le traité de Versailles conserve la marque de cette double parenté. La lenteur des délibérations a aggravé les problèmes. Une rédaction trop hâtive nous vaut des obscurités et des contradictions. L’importance et le nombre des délais, prévus pour l’exécution des clauses décisives, multiplient les causes d’échecs et les risques de conflits. Les Anglo-Américains, fidèles à des souvenirs ineffaçables et à des traditions séculaires, n’ont voulu libérer ni l’Allemagne, de la centralisation prussienne, ni la Belgique de l’encerclement hollandais. Ils ont hésité à compléter l’internationalisation commerciale du Rhin et la centralisation militaire des territoires rhénans par une occupation plus souple dans son organisation et par une politique moins timorée dans scs formules. Ils ont reculé devant le projet de créer une Société des Nations assez solidement armée pour contrôler les armements et imposer la paix. Ils ont préféré Genève à Bruxelles ; prévu des commissions consultatives ; exigé, dans les votes, l’unanimité. Iis ont transigé....