Extrait du journal

du grand état-major japonais. Le mépris sauvage de la vie que tous les voyageurs, tous lescorrespondants militaires reconnaissent aux Japonais a empli le monde européen d admiration et d’épouvante. On demeure confondu au récit des hécatombes de Port-Arthur, de Liao-Yang et de Moukden. On est saisi d'horreur devant ces régiments qui fusillent leurs camarades dans le dos si ceux-ci paraissent fléchir, devant ces officiers qui bondissent dans les tranchées russes avec des chapelets de grenades enfilées à leur cou et se font sauter eux et l'ennemi, devant ces corps d'armée qui s’avancent sur des terrains minés et surtout, peutêtre, devant cette forme nouvelle de la propagande : la propagande par le suicide. Il n’était pas rare, en effet, avant la déclaration de la guerre, que. sur une des places de Nagasaki ou de Tokio, un Samouraï se suicidât, tenant d’une main un papier où il appelait l’attention du Mikado sur le péril russe : sa mort était le coup de gong qui retenait sur sa pensée la curiosité du public. Ici le courage touche à la démence....