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L’Éclaireur de l’Ain, 4 septembre 1904

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L’Éclaireur de l’Ain
4 septembre 1904


Extrait du journal

La première condition du succès pour le socialisme, c’est d’expliquer à tous, clairement, son but et son essen ce; c’est de dissiper beaucoup de mal entendus créés par nos adversaires et quelques malentendus créés par nousmêmes. L’idée socialiste est claire et noble. Nous constatons que la forme actuelle de la propriété divise la société d’au jourd’hui en deux grandes classes et que l’une de ces classes, celle des pro létaires est obligée pour vivre, pour exercer en quelque mesure ses facultés, de payer une sorte de dîme à la classe capitaliste. Voici une multitude d’êtres humains, de citoyens : ils ne possèdent pas. Ils ne peuvent vivre |que de leur travail, et, comme, pour travailler, ils auraient besoin d’un coûteux outillage qu’ils n’ont pas, ils sont obligés de se mettre à la disposition d’une autre classe qui possède les moyens de pro duction, le sol, les vivres, les machines, les matières premières et les ressources monétaires accumulées. Et naturelle ment, la classe capitaliste- et proprié taire, usant de sa puissance fait payer à la classe prolétarienne une large re devance. Elle ne se borne pas à récupé rer les avances faites par elle et à amortir l'outillage. Sur le produit du travail ouvrier et paysan, elle prélève tous les ans et indéfiniment une part notable ; fermage, rente du sol, loyer des immeubles urbains, arrérages de la rente d’Etat, revenus des actions et obligations, bénéfice industriel, bénéfi ce commercial. Ainsi, dans la société actuelle, le tra vail des prolétaires ne leur appartient pas tout entier. Et, comme dans notre société fondée sur la production inten sive, l’activité économique est une fonc tion essentielle de toute personne hu maine, comme le travail est une par tie intégrante de la personnalité, la per sonne des prolétaires ne leur appar tient pas tout entière. Ils aliènent une part de leur activité, c’est-à-dire une part même de leur être, au profit d’une autre classe. Le droit humain en eux est donc incomplet et mutilé. Us ne peuvent plus faire un acte de la vie sans subir cette restriction du droit, cette aliénation de la personne. A peine sont-ils sortis de l’Usine, de la mine, du chantier, où ils ont abandonné une partie de leur effort pour créer le divi dende et le bénéfice; à peine sont-ils rentrés dans le pauvre appartement où est entassée leur famille, nouvel impôt, nouvelle redevance pour créer le loyer. En même temps, l’impôt d’Etat, sous toutes ses formes, impôt direct et im pôt indirect, rogne leur salaire déjà deux fois rogné, non pas pour pourvoir seulement à des dépenses de civilisa tion et d’intérêt commun, mais pour as surer l’écrasant service de la rente au profit de la même classe capitaliste, ou pour entretenir de formidables et inu tiles armées. Enfin, quajad avec le ré sidu du salaire ainsi entamé, le prolé taire va acheter les denrées nécessaires à la vie de chaque jour, ou bien, faute de suffisantes avances et de temps, il s’adresse au détaillant, et il subit ainsi la charge de toute une organisation surabondante d’intermédiaires, ou bien, il s’adresse au grand magasin, au grand bazar, et il doit assurer, en sus des frais directs de manutention et de ré partition de la marchandise, le bénéfice a 10 ou 12 pour 100 du grand capital commercial. Comme la route féodale encombrée et coupée presque à chaque pas de droits de péage, la route de la vie est coupée, pour le prolétaire, par les droits féodaux de tout ordre que lui impose le capital. _ Il ne peut ni travailler, ni se nourrir, ni se vêtir, ni s’abriter, sans payer à la classe capitaliste et propriétaire une sorte de rançon. Et non seulement il est atteint dans sa vie même, mais il est atteint dans sa liberté. Pour que le travail soit vrai ment libre, il faut que tous les travail leurs soient appelés pour leur part à le diriger ; il faut qu’ils participent au gouvernement économique de l’atelier, comme ils participent par le suffrage universel au gouvernement politique de la cité. Or, les prolétaires jouent dans l’organisation capitaliste du tra vail un rôle passif. Ils ne décident...

À propos

L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.

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