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L’Éclaireur de l’Ain, 18 novembre 1944

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L’Éclaireur de l’Ain
18 novembre 1944


Extrait du journal

NOUS avons reçu quelques lettres de citadins qui nous affirment que nous avons tort de soutenir les revendications des paysans. Selon eux, les paysans sont des privilégiés, sinon des profiteurs. « Sur tout, disent-ils, ne parlez pas de relèvement des prix agricoles : la vie est déjà trop chère. » Il est exact que la vie est chère, mais qu’il nous soit permis de faire observer une fois de plus à nos interlocu teurs que les prix payés a la consommation ne sont pas ceux touchés par les producteurs. Voici quelques exemples : Le bétail tur pied est taxé, pour les bovins, de 7 à 14 fr. le kilo. Or, la viande de bœuf est payée 60 et 65 francs le kilo chez le boucher, quand elle n'est pas vendue 150 et 200 francs au marché noir. Le prix des pommes de terre à la production a été fixé, par décision ministérielle, à 150 francs le quintal. Elles sont vendues 3 francs le kilo aux con- sommateurs, quand ce n’est pas : 5 et 6 francs au marché noir. En ; par ww d’autres termes, là aussi, la part « HOCjHET des intermédiaires est beaucoup ........... plus élevée que celle du producteur. Le prix du vin chez le récoltant est fixé à 50 francs le degré hectolitre, soit 4 ou 5 francs le litre, pour des vins de 8 à 10 degrés. Or, au café, on paie le petit verre de 10 cen tilitres 12 francs. Mais du vigneron au détaillant, il y a les trusts du vin et les nombreux intermédiaires, qui réalisent bien souvent des bénéfices scandaleux. C’est ainsi que les établissements Nicolas ont empoché, pour l’année 1943 un bénéfice de 82.956.738 francs, contre 31.169.000 francs en 1942. Eh ! bien, pour ne prendre que ces trois exemples, nous pensons que les prix du bétail, des pommes de terre et du vin peuvent être revalorisés à la production sans qu’il s’en suive une augmentation à la consommation. A une condition toutefois : c’est que l’on réduise les marges des trusts, des grossistes et des intermédiaires. C’est en agissant en ce sens que l’on pourra lutter efficacement contre la vie chère et non en refusant aux producteurs des prix rémunérateurs. Car l’expérience nous en fournit chaque jour la preuve, le maintien à la production de taxes insuffisantes ne fait qu’entretenir le marché noir en laissant le champ libre aux spéculateurs. Il faut donc accorder aux producteurs des prix rému nérateurs et abandonner la légende des paysans « fauteurs de vie chère ». Présenter les paysans comme des afïamcurs et les ouvriers des villes comme des paresseux, mais —- on ne le répétera jamais assez — c’est là la tactique classique utili sée par les trusts pour dresser les deux grandes fractions du monde du travail l’une contre l'autre afin de spolier à la fois ouvriers et paysans par une politique de bas salaires et de bas prix agricoles à la production. Cette politique est contraire à l’intérêt national et nous devons la dénoncer comme telle. N’oublions jamais, en effet, que la base de l’unité natio nale ne peut être que l’alliance ouvrière et paysanne et la lutte commune des ouvriers et des paysans contre les trusts sans patrie. Aussi, contre les trusts, et en dépit des incompréhen sions de certains, nous continuerons notre campagne de défense paysanne, convaincus que le relèvement de notre agriculture et la prospérité de nos campagnes sont des con ditions essentielles de la renaissance française....

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L'Éclaireur de l'Ain était un journal hebdomadaire de tendance socialiste publié à Oyonnax. Il cessera de paraître en 1951.

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