Extrait du journal

Bref, l’emprunt est voté à l’unanimité. A la sortie de la séance, deux prolos cau sent de la question. Le naïf. — Quelle chance pour notre ville. Le commerce va marcher, avec les bleus, les réservistes, les territoriaux. Le socio. — Compte là-dessus. C’est encore nous qui allons payer les frais de l’opération. Ton vin, ton pain, ta viande, ton loyer vont augmenter. Par compen sation, tu pourras recevoir quelque coup de baïonnette de soldat ivre, si tu veux empêcher qu’on insulte ta femme et ta fille. Nos enfants auront sous les yeux chaque jour le spectacle dégradant de la servitude militaire, et si un jour nous osons réclamer un peu d’amélioration à nos maîtres, ils nous serviront des halles perfectionnées envoyées par nos (ils. Le Contremaître de Fabrique Comme un pacha, j’ai mon sérail ; Ma belle enfant, je veux t’y mettre, Contremaître est pire que maître, Si tu dis : non ! pas de travail ! Les blondes, les rousses, les brunes, Tout y passe ; on n’est pas, mon cœur, Le contremaître pour des prunes, J’exerce le droit du seigneur. Que ce soit chose convenue, Nous nocerons aux bons endroits, 11 faut payer ta bienvenue, Je ne lais pas de passe-droits ! Tes lèvres sont comme deux fraises, Mais tu boudes, je le vois bien ; Mes pièces, dis-tu, sont mauvaises, L’ouvrière n’y gagne rien î Si c’est pour cela que tu pleures, J’en ai d’un autre numéro. Si tu veux choisir les meilleures, Viens me trouver à mon bureau. Mou nez bourgeonne et se culotte, Que veux-tu ? C’est le vin du cru...