Extrait du journal

A bas la Guillotine La Chambre a repris hier la discussion d'un projet de loi qui traîne depuis long temps à son ordre du jour. Il s'agit de la suppression des exécutions capitales. Un moment la presque unanimité de la Chambre fut disposée à voter la sup pression de la peine de mort. Un revirement s'est produit depuis le crime odieux d'un malheureux détraqué, et la Commission chargée de rapporter ce projet qui concluait primitivement à l'abolition, est revenue sur ses propres conclusions. Toutefois les partisans de la peine de mort, dont Al. Barres s’est affirmé l’un des plus beaux ornements, n’ont pu hier l’emporter de haute main, comme ils l'es péraient. La bataille reprendra au début de la séance de mercredi. La criminalité augmente, maintenons la guillotine, nous dit-on. Est-ce bien exact. AI. Reinach affirmait hier à la Chambre que depuis U suppression des exécutions capitales, la criminalité avait diminué. <( Attaquez-vous donc à l’alcoolisme et laissez rouiller la guillotine » a dit AL Reinach. Et notre ami Willtn a ajouté : « Vous voulez relever l’odieuse machine à tuer les fous comme les assassins. » C’est d’ailleurs une erreur grossière de croire que ce spectacle abominable entre tous qu’est une exéctuion capitale, donne a réfléchir aux assassins et les arrête sur la pente du crime. Puisque la société qui ne sait pas pré venir, s'arroge le droit de réprimer, au moins nous est-il permis de souhaiter que la répression n’affecte pas la nature mê me du crime qu’elle entend punir. Henri LAUDIER....