Extrait du journal

expression dans le discours de M. Lefèvre, déclarant légitime la résistance allemande, et | par conséquent inévitable une répression. Cette double excitation à la guerre se com- ! plète par une manœuvre d’isolement. C’est celle que M. Forgéet a traduite le même jour, en demandant à M. Briand de déclarer que la 1" rance était prête à se passer du concours de ses alliés. Ainsi, on s’efforce de réaliser le maximum de chances de conflit, avec le mini mum de concours éventuels. Le plus grave est que de tels discours aient pu être applaudis par la majorité de la Chambre. M. Briand, il est vrai, a trouvé le moyen de résister, sans prononcer une seule parole qui puisse être interprétée outre Rhin comme un signe de faiblesse. Néanmoins, la sagesse d'e j’homme d’Etat aura-t-elle toujours raison cîe l’aveuglement d’une fraction impor tante de I assemblée ? Il a pourtant derrière lui la quasi-unanimité de la Nation, et les for cenés du Bloc National seraient balayés bien vite par l’indignation populaire, s’ils pouvaient aller jusqu’au bout de leurs desseins. Mais mieux vaut assurément ne pas en venir là, et c est pourquoi l’opinion publique a l’impérieux devoir de ne négliger aucune occasion de faire connaître son sentiment. Jusqu’ici, elle est restée trop passive, et les chauvins, qui crient très fort, risquent d’être seuls entendus. Ils dénoncent l’humanitarisme wilsonien, le pacifisme sanglant ; comme si le seul moyen de faire la paix n était pas de la vouloir, et de la préparé:, au lieu de brandir la torche sur les poudrières. Ils appellent de leurs vœux — comme les Allemands en 1914 — « la guerre préventive ». Oubliant qu’ils viennent d'e dire que l’Allemagne est terrible ment armée, ils proposent « une promenade mi litaire » jusqu’à Berlin, pour éviter, disent-ils, une guerre effroyable dans quelques années. C’est la politique de Gribouille, se jetant à 1 eau par crainte de se mouiller. Sons compter qu’afin d’être plus sûrs de nous noyer, ils veulent nous y jeter seuls, et ne négligent rien pour nous brouiller avec nos alliés. Il est temps de réagir contre les égarés, ou les forcenés, qui ne frémissent pas devant les conséquences de leur politique : la banqueroute, par les milliards que nous coûterait la paix ar mée, en admettant qu’elle n’aboutit pas à la guerre, ou de nouvelles hécatombes si, comme c’est presque sûr, elle nous y menait tout droit. Après les récentes séances de la Chambre, et les commentaires de certains journaux, la preuve est faite qu’il serait singulièrement im prudent de hausser les épaules ou de fermer les yeux. Yvon DELBOS....