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L’Ère nouvelle, 14 juillet 1927

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L’Ère nouvelle
14 juillet 1927


Extrait du journal

Des drapeaux font éclater leurs trois cou leurs au fronton de la Chambre. Des oriflam mes dansent entre les colonnes. En cherchant bien, on verrait peut-être des caisses de forains sur les marches. Vous croyez peut-être que ( c est à cause du 14 juillet ? Peut-être, mais la Chambre qui s’apprête à partir en vacances a voulu aussi, sans doute, pavoiser ses vieilles pierres en 1 honneur d un jour très précieux. Ce n est pas la Marseillaise qu’on chantera ici, aujourd’hui, mais le Chant du Départ. La distribution de prix traditionnelle est rem placée par une distribution de lois. 11 y a aussi le grand discours de fermeture. C’est le prin cipal, le proviseur, le directeur, le président du Conseil, M. Poincaré, en un mot, qui le pro nonce. Mais il ne décerne ni le blâme ni l’élo ge. A ses auditeurs attentifs, il expose la si tuation qui est assez trouble, aux couleurs du temps et, enviant peut-être ceux qui vont aller aux champs pendant que lui va continuer sa dure besogne de grand commis aux écritures de la France, il ne leur cache point son désir de repos. Mais, est-ce que la place est si bonne que cela ? M. Poincaré, dans cette délicate question des fonctionnaires, a su, tout en assurant de sa sollicitude une classe aussi intéressante, mon trer que les maxima d’efforts ont été atteints. En ce débat, a-t-il déclaré, nous devons choi sir entre l’économie et la prodigalité, entre la sagesse et la témérité. C’est là le fameux choix d Hercule. 11 est plus facile, parfois, de céder aux désirs des électeurs que de leur opposer la raison d ELtat et du budget. Comme le fait remarquer M. Poincaré, il est commode de se montrer généreux avec l’argent d’autrui. En tout cas, le président du Conseil s’est opposé à toute surcharge du budget de 1927, « impru dence génératrice de catastrophes I », selon ses propres expressions. La plus grande partie de la Chambre a sou tenu cette thèse. Enfin, comme il faut, (fans une telle séance de clôture, que tout s’arrange, la commission des finances avec laquelle M. Poincaré était en désaccord, s’est ralliée aux conceptions gouvernementales, grâce à un amendement de M. Gazais ménageant les in térêts de la République sans fermer l’oreille aux doléances des fonctionnaires. Il ne s agit que de s’entendre, et les mots sont faits pour cela, à condition, toutefois, d’en préciser le sens. M. Poincaré, qui n’est pas de 1 Académie française pour rien, n’a pas manqué à cette précaution... politique en faisant chan ger certains adjectifs trop optimistes. On s’est tellement servi contre lui, au cours de ce dé bat, de vagues probabilités, qu’il a préféré, une fois pour toutes, enlever ces armes à ses adversaires. Il était écrit que les vacances viendraient à 1 heure désirée. Les députés s’en iront sans prix d’excellence, mais sans regrets. Quant aux couronnes, elles restent fixées au socle des deux statues qui dominent la Chambre de toute leur indifférente immobilité....

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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