Extrait du journal

Voici nos oracles. Le 5 septembre 1919, M. Klotz affirmait gravement comme « chiffres se rapprochant de la réalité », comme « hypothèses plausibles », que l’Allemagne pourrait s’acquitter en 36 ans de l’intégralité de sa dette— fixée par lui à 375 milliards, dont 200 milliards pour la France; — cela ferait, pour notre pays, une annuité de « 13 milliards 610 millions », au total, en chiffres rends, 463 milliards ! (Jour nal officiel, Chambre, séance du 5 septembre 1919; débats, p. 4192). Pour lui, la chose était fort simple. Avant la guerre, disait-il, « l’excédent de la production allemande sur sa consommation » atteignait 10 milliards. Ces 10 milliards d'avant guerre correspondent à 20 milliards d'or d’après guerre. 11 n’est donc pas difficile do faire payer, chaque année, par l'Allemagne à la France, 13 milliards 610 mil lions de francs 1 On comprend, dans ces con ditions, que le; résultats de la Conférence de Paris ne satisfassent point M. Klotz ! A l’époque où il fut prononcé, ce discours plongea les économistes dans la stupéfaction ! Le ministre confondait la hausse des prix, évavjriués en monnaie de papier, avec la hausse des prix évalués en or. Depuis 1914, les prixpapier avaient bien triplé, mais non les prixor ! Après cela, on entendit prononcer de grands discours sur la faillite des économistes ! Aujourd’hui, on n’évalue plus qu’à 200 à 210 milliards la dette allemande envers tous les alliés. Et l’on dit fort justement : « Il ne suffit pas d’écrire des chiffres sur du papier, 11 faut savoir comment on percevra ce qu’ils représentent. » (Chambre, séance du 8 février 1921.) Voilà de sages paroles; il est regret table qu'on ait attendu si longtemps pour les entendre. r • i * * 0 Ce n’est pas seulement pendant la discussion à la Chambre sur 1 indemnité allemande que nous avons entendu des déclarations surpre nantes et vu exécuter des tours de prestidigi tation. Nos experts financiers paraissent doués des mêmes talents. Qu’on en juge ! Toute la presse a publié, il y a quelques jours, un tableau sur la charge fiscale compa rée en Allemagne, en France, en Italie et en Angleterre. L'Europe nouvelle (numéro du 12 février, page 223) reproduit m extenso le pré cieux document. Je 1 ai lu avec la plus grands attention. Quelle chance, pensais-je, si les ex...