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L’Ère nouvelle, 23 août 1920

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L’Ère nouvelle
23 août 1920


Extrait du journal

L’Italie traverse une période extrêmement difficile. Au point de vue économique et financier, l’asisainissement désirable de sa situation fait l’objet des préoccupations des gouvernants. Ceux-ci ne se livrent à aucun exposé optimiste. Loin de là! Le président du Conseil, M. Giolitti, quelques jours avant d’accéder au pouvoir, avait poussé un cri d’alarme, dénoncé le déficit énorme malgré le retour à la paix et réclamé des mesures financières extrêmement énergiques pour éviter la faillite. Arrivé au ministère, M. Giolitti a, tout de suite, présenté une série de projets de lois dont l’ensemble vient d'être voté par la Chambre des députés et dont quelques-uns ont déjà été adoptés par le Sénat. C’est ainsi que le gouvernement italien a fait décider, entre autres : 1° une enquête générale sur les dépenses de guerre et les marchés de la guerre ; 2° une absorption par l’Etat de tous les bénéfices exceptionnels réalisés pendant la guerre, par suite de la guerre ; 3° l’obligation de mettre en titres nominatifs toutes les valeurs mobilières, y compris les titres d’emprunts publics. Ces mesures — et d’autres — viennent compléter une série de dispositions dont la rigueur n’a pas de précédent dans l’his toire. Reste à savoir si ces lois seront appli quées. L’Italie est le pays classique de la fraude fiscale. L’administration financière est actuellement désorganisée ; or, pour ap pliquer toutes les nouvelles lois et celles que l’on est en train de voter, il faudrait une armée d’agents connaissant bien leur métier et ayant, par leur situation pécuniaire, le goût de s’appliquer à leur besogne. Ces conditions sont loin d’être remplies. On peut donc se montrer sceptique tou chant l’efficacité des armes dont regorge l’arsenal fiscal italien. m * + Parmi les mesures en cours d’exécution figure le prélèvement sur le capital en géné ral : l’imposta slraordinaria sul palrimonio. Constatons d’abord que les Italiens n’ont pas hésité entre le prélèvement sur les for tunes de guerre et le prélèvement sur le ca pital en général. Ils ont adopté l’une cl l'autre mesure, sans compter un relèvement considérable des droits de succession, l’im pôt sur le revenu, l’impôt sur les bénéfices exceptionnels, et bien d’autres impôts. *% L’impôt extraordinaire sur le patrimoine (prélèvement sur le capital en général), consiste essentiellement en ceci : 1° Tous les individus — et, en principe, aussi les sociétés — sont soumis à l’impôt, pourvu que leur fortune globale dépasse 50.000 lire ; ce haut minimum a été fixé afin de tenir compte de la dépréciation de la lire et afin de n’avoir pas à prendre en con sidération les charges de famille ; 2° Le patrimoine imposable est la fortune nette; il y a donc lieu d’en déduire le pas sif (dettes et charges) ; 3° Tout contribuable est tenu de faire, dans un certain délai, une déclaration dé taillée des éléments actifs et passifs de son patrimoine. Le délai a été fixé au 31 mai 1920; il est donc expiré. En fait, il semble bien que tous les assujettis n’aient pas fait leur déclaration; une note officieuse de la fin de juillet a fait connaître que le fisc n’avait reçu que 350.000 déclarations. Pourtant les sanctions sont très sévères : amendes très fortes. Les agents du fisc ont les plus larges pouvoirs d’investigation :...

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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