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L’Ère nouvelle, 28 juillet 1923

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L’Ère nouvelle
28 juillet 1923


Extrait du journal

I Quel que soit le mode de la transformation, | qu’elle s’opère par évolution progressive ou par la force, accoucheuse des sociétés, elle • porte en soi la révolution. La révolution n’est - ni dans les mets, ni dans les gestes : elle con siste essentiellement dans le triomphe du droit nouveau oe la personne sur le droit ancien de la chose. « Nous avons un idcal, et cet idéal, qui met la personne humaine au-cessus de tout, qui l’affranchit de toute tutelle, est opposé k l’idéal de la bourgeoisie possédante, qui met la propriété au-dessus de la personne. » Le socialisme, vrai défenseur des droits de l’homme, se réclame donc justement de la j Révolution française. Ceux-là seuls ont le droit de s'en réclamer avec lui, qui sont décidés. | comme lui, passant cîe la démocratie politique à la démocratie sociale, à réaliser l’égalité par la disparition des classesEgalité véritable, dans la liberté assurée à tous. Le socialisme n’affranchira pas la cia* se ouvrière pour opprimer la classe bourgeoise : il supprimera toute oppression. 11 appellera à la plénitude de la vie « la totalité des indivi dus humains ». Pour la première fois, tous les 1 tommes, affranchis des servitudes matérielles, pourront s’élever à la culture morale. Le so cialisme aura créé l’humanité. Ainsi, Jaurès enseignait aux socialistes la valeur de la démocratie, aux démocrates la grandeur du socialisme. Depuis que sa parole a retenti, nous rie pouvons plus concevoir le socialisme sans la liberté, ni la République sans le socialisme. * * * Pour le socialisme et pour la République, il montrait les périls de la guerre. Non pour énerver les courages : le courage peut se passer de la guerre- « L'humanité est maudite, si, pour faire preuve de courage, elle est condamnée à tuer éternellement. » Non par la crainte sentimentale de la vio lence : « Le révolutionnaire se résigne aux souffrances des hommes, quand elles sont la condition nécessaire d’un grand progrès humain, quand, par elles, les opprimés et les exploités se relèvent et se libèrent- » S’il détestait la guerre, c’est qu’il la pres sentait inutile au progrès, funeste à la justice et à la liberté. Il a prédit, dès 1905, la suite des maux qui sortiraient cfune guerre : « Des crises de contre-révolution, de Action furieuse, de nationalisme exaspéré, de dictature étouf fante, de militarisme monstrueux, une longue chaîne de violences rétrogrades et de haines basses, de représailles et de servitudes. » Et nous, ajoutait-il, « nous ne voulons pas jouer à ce jeu de hasard barbare, nous ne voulons pas exposer sur ce coup oe dé sanglant, la certitude d'émancipation progressive des pro létaires, la certitude de juste autonomie que réserve à tous les peuples, à tous les fragments de peuple, au-dessus des partages et des dé membrements, la pleine victoire de la démo cratie socialiste européenne. »...

À propos

L’Ère nouvelle a été fondée en décembre 1919 par deux socialistes déterminés, blessés de guerre : Yvon Delbos (1885-1956) et Gaston Vidal (1888-1949). Elle se définit en se sous-titrant « L’Organe de l’entente des gauches », et restera tout au long de son existence proche du parti radical. Malgré son faible tirage, le journal exerçait une influence importante dans le monde parlementaire.

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