Extrait du journal

L une des objections les plus sérieuses à encontre de I Union européenne consiste à re présenter cette union comme devant être hostile à l’Angleterre et à l'Amérique. L’Angleterre, dit-on, appartient à l’Europe. Les échanges commerciaux avec le continent at teignent un pourcentage plus élevé qu’avec les Dominions et ses colonies. Elle a participé à toutes les grandes guerres européennes. Son élite est nourrie de culture gréco-latine et elle constitue, dans le monde, un agent merveilleux d'expansion européenne. Tout cela est vrai. Mais il n’est pas moins vrai qu’il existe en Angleterre de nombreux partisans d'une organisation plus étroite de l'Empire et que ceux-là même qui sont hostiles au protectionnisme impérial ne sont pas pour cela disposés à voir leur pays entrer dans une union douanière européenne. Enfin, parmi les Anglais, combien seraient disposés à souscrire à des stipulations précises d’assistance mutuelle entre les Etats européens > Il existe donc, pour l’Angleterre, une diffi culté particulière à s’incorporer à une union européenne, et il est, d’autre part, impossible de concevoir une organisation européenne à la quelle l'Angleterre resterait étrangère. Quant à l’Amérique, elle est, comme l’a écrit M. Paul Valéry, une création formidable du génie européen. A son sujet, on fait une distinction entre les Etats-Unis et l’Amérique du Sud. Pour les Etats-Unis, on insiste moins sur le caractère européen de leur civilisation, dont les particularités s’affirment de plus en plus Mais on représente les dangers d’une lutte entre une Europe unie et la grande démocratie américaine. Pour l’Amérique du Sud, au con traire. c’est l’argument d’une civilisation com mune qui passe au premier olan. Les rénubli-...