Extrait du journal

DE certaines questions sont dans l'air. A peu de semaines d'intervalle, M. Brieux et M. Maurice Donnay ont étudié le « féminisme » dans ses causes et surtout dans ses effets. Le second acte de la pièce du Gymnase, le second acte de la pièce du théâtre Marigny, mettent en scène des femmes émancipées ou désireuses de s'affranchir, conférant ensemble, formulant leurs revendications, exprimant leurs espoirs et, le plus souvent, leurs déceptions. Un moment, sans doute, arrivera où le public trouvera fort naturel que des citoyennes assemblées discutent leurs intérêts. dette heure n'est pas tout à fait venue. Les préjugés, les vieilles habitudes d'esprit sont tenaces; le souvenir des épigrammes décochées par Molière aux Précieuses obsède la mémoire de l'auditeur, qui, s'il ne va pas jusqu'à souscrire aux déclarations par trop grossières de mon aïeul Chrysale, s'il permet que l'éducation féminine ne se limite plus à « connaître un pourpoint d'avec un haut-dechausse », n'en est pas moins secrètement hostile à la rapide émancipation du « sexe ». D'une façon générale, le spectacle des clubs féministes votant des ordres du jour, élaborant des, projets de loi, éveille une sensation déplaisante et paraît encore un peu ridicule. Peut-être est-ce simplement parce qu'il semble qu'une femme cesse d'être femme dès l'instant qu'elle parle et agit à la manière d'un homme. Les plus beaux raisonnements du monde n'y feront rien. Nous persistons (par nous, j'entends la grande majorité des spectateurs) à considérer la femme et, particu-...