Extrait du journal

LE vénérable sénateur René Bérenger, que les rapins montmartrois ont vainement tenté de ridiculiser en le baptisant « Père la Pudeur » et dont la vie entière fut vouée à la pratique du bien, sollicite l'appui du Syndicat de la Presse Parisienne en faveur des familles nombreuses. Il voudrait qu'elles trouvassent à se loger sans recourir à l'intervention de M. Cochon et sans envahir les remises du ministre des finances... « Comment la France ne se dépeuplerait-elle pas, s'écrie M. Bérenger, puisque aucune aide n'est accordée aux mères fécondes? Assurez-leur, du moins, un abri. » Il n'est que trop vrai que notre population diminue, ou, du moins, qu'elle progresse trop lentement. Cet affaiblissement de la natalité ne se produit pas seulement depuis une quarantaine d'années, ainsi qu'on le croit communément, mais se manifeste dès le début du dix-neuvième siècle. M. Bertillon, dans ses travaux, en fournit la preuve. Le nombre des naissances était, entre 1801 et 1810, de 33 pour 1,000... Il s'abaisse lentement, d'une façon continue, et tombe, en 1893, à 23 pour 1,000... Il égalait, en 1911, le nombre des décès. Bientôt, il lui deviendra inférieur. Dans deux ou trois siècles, la France aura perdu une partie de ses Habitants et en sera réduite à oiuvrir ses portes aux étrangers, si elle veut que ses champs soient cultivés et ses bourgades peuplées... Or, il n'en va pas de même dans les autres pays. Nulle part l'appauvrissement n'est aussi sensible. Il suffit, pour s'en con-...