Extrait du journal

N prenait le thé dans le hall du « Palace » lorsque arrivèrent les journaux de Paris. Un monsieur, effaré et beau parleur, raconta le drame du jour, le massacre du sous-chef de la sûreté Blot et de l'inspeciteur Mugat par le cambrioleur Delaunay, puis le suicide du meurtrier... Il n'y eut pas d'autre sujet de conversation; chacun dit son mot; j'écoutai attentivement les propos échangés sur cette intéressante matière. Ils différaient selon le caractère, la condition, et surtout l'âge des personnes présentes... Nous avons, parmi les habitants de l'hôtel, un colonel en retraite, un juge, un firiancier,une vieille dame asthmatique et distiniguée qui fait figure de douairière, enfin un groupe d'adorables jeunes filles bleues, blanches et roses. Le colonel (cet officier supérieur se pique d'éloquence) déclara que tout allait de mal en pis, que la corruption des moeurs coïncidait avec le relâchement de la discipline ; il rendit hommage à l'héroïsme des victimes, ces « soldats du devoir » tombés au champ d'honneur ; il exprima le voeu qu'une répression impitoyable purgeât la terre, en les frappant d'épouvante, des « fauteurs du désordre et de l'anarchie »....