Extrait du journal

sincère. Mithouard, que les Parisiens ont surtout connu comme le président du Conseil municipal pendant la guerre, était un poète de grand style et Le Tourment de l'Unité, qu'il écrivit dans ce temps, est un très beau livre. Excellent violoniste, on entendait chez lui la musique la plus classique et la plus moderne, dans le salon, en rotonde décoré par Lerolle. C'est là que je. rencontrai Maurice Denis, qui revenait de Florence, où il avait peint des toiles exquises. Il avait encore la sensibilité fraîche et profonde d'un primitif. Mais nous vivons en un temps où la vie d'un homme coïncide avec plusieurs siècles passés, et Denis, qui était alors un homme du XVe siècle, allait devenir prochainement classique et académique. Mais il était loin de s'en douter. Il me disait qu'en peignant, il fallait oublier tout ce qu'on savait, et, devant la toile blanche, réinventer ingénument l'art de peindre. Le dirait-il aujourd'hui ?...