Extrait du journal

vré de l'oeillet, les vertus excitantes et voluptueuses de l'ambre et du musc. Sa senteur est acre, fétide et sternutatoire. La saveur du tabac, qu'on le fume, qu'on le prise, qu'on le mâche, irrite les bronches, les muqueuses du nez et du palais, éveille une impression désagréable qui va, chez les novices, jusqu'à déterminer le vomissement. Peu à peu, l'habitude naît, et avec elle l'agrément, un agrément si vif que, bientôt, sa tyrannie victorieuse s'impose à la volonté. De quoi exactement est-il fait ? Un analyste subtil — je crois bien que c'est Marcel Prévost — prétendait que la principale joie du fumeur résidait dans le geste, l'at-. titude, la pose, dans la façon élégante ou cavalière de tenir le cigare ou la cigarette entre les doigts, de l'approcher des lèvres, de secouer la cendre, de suivre du regard les volutes aériennes, grises ou bleues. L'observation est spirituelle et ne manque pas de vérité. La jolie fumeuse, nonchalam-i ment assise, ou les coudes sur la nappe après déjeuner, se sait charmante, attirante et en jouit. Mais je ne suppose pas que le maçon qui suce son tuyau de pipe obéisse à la moindre préoccupation de co-...